Croyance : Le traité de la croyance de l’Imam ^Oumar Ibnou Mouhammad An-Naçafiyy
Le traité de la croyance de l’Imam ^Oumar Ibnou Mouhammad An-Naçafiyy
décédé en l’an 537 de l’Hégire, que Allah lui fasse miséricorde
Les Gens de la Vérité ont dit : la réalité des choses est confirmée et la connaissance que l’on en a est certaine contrairement [à ce qu’affirment] les sophistes. La connaissance que les créatures [peuvent avoir] a trois causes : les sens sains, la nouvelle véridique et la raison. Les sens sont donc : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher. Et par chacun de ces sens on prend connaissance de ce pour quoi il a été créé : par exemple les perceptions de l’ouïe, du goût et de l’odorat. Quant à la nouvelle véridique, elle est de deux genres : (le premier) la nouvelle moutawatir, c’est ce qui est confirmé par les dires d’un groupe de personnes à propos desquels il n’est pas concevable qu’ils se soient accordés sur le mensonge. Elle entraîne la connaissance par nécessité comme par exemple la connaissance des anciens royaumes dans les temps passés et [dans] les pays lointains. (Le deuxième) la nouvelle [apportée par] le messager appuyé par le miracle, elle entraîne la connaissance déduite, et la connaissance qu’elle confirme est comparable à la connaissance confirmée par nécessité, de par la certitude et la confirmation. Quant à la raison : elle est également un moyen (une cause) de connaissance. Et ce qu’elle confirme par l’évidence est [une connaissance] par nécessité comme par exemple la connaissance que la totalité de la chose est plus grande que sa partie. Ce qui est confirmé par la déduction est donc de l’ordre de ce que l’on acquiert. L’inspiration ne fait pas partie des causes de la connaissance de la validité des choses, chez les Gens de la Vérité.
L’univers avec l’ensemble de ses parties a été introduit dans l’existence. Il est en effet constitué de substances et de ce qui advient aux substances. La substance, c’est ce qui a une réalité de par soi-même ; composée, c’est un corps ; non composée, c’est une substance unitaire qui est la partie qui ne se divise pas. Ce qui advient aux substances, c’est ce qui n’a pas de localisation par soi-même et qui advient aux corps et aux substances unitaires. Ce sont par exemple les couleurs, les états, les saveurs, les odeurs. Et Celui Qui a fait entrer l’univers dans l’existence, c’est Allah ta^ala الواحد (Al-Wahid) l’Unique, القديم (Al-Qadim) l’Eternel exempt de début, الحيّ (Al-Hayy) le Vivant, القادر (Al-Qadir) le Puissant, العليم (Al-^Alim) Celui Qui sait tout, السميع البصير (As-Sami^ou l-Basir) Celui Qui entend et Qui voit, الشائى المريد (Ach-Cha‘i l-Mourid) Celui Qui a la volonté et le vouloir. Il n’est pas quelque chose qui advient aux corps, ni un corps, ni une substance unitaire, ni quelque chose ayant une image, ni limité, ni dénombrable, ni constitué de parties, ni divisible, ni composé, ni fini, Il n’est pas attribué d’un genre ni d’un comment, Il n’est pas localisé dans un endroit et Il ne subit pas le temps, rien ne Lui ressemble. Et rien n’échappe à Sa science et à Sa puissance.
Il a des attributs de toute éternité, qui Lui sont propres, qui ne sont ni Lui ni autre que Lui. Ce sont la science, la puissance (al-qoudrah), la vie, la puissance (al-qouwwah), l’ouïe, la vue, la volonté, le vouloir, le faire, la création, le fait de pourvoir [les créatures] en subsistance et la parole. Et Il parle d’une parole qui est un attribut à Lui et qui est de toute éternité, qui n’est pas du genre des lettres et des sons. Allah ta^ala est attribué par cet attribut la parole par lequel Il ordonne, interdit, informe et le Qour’an est la parole de Allah ta^ala [et il] n’est pas créé. Il est inscrit dans nos Mous–haf – nos livres du Qour’an –, mémorisé dans nos cœurs, récité par nos langues, entendu par nos oreilles, sans y prendre place. Et le fait de faire exister est un attribut de Allah ta^ala de toute éternité. Il s’agit du fait de faire exister l’univers et chacune de ses parties au moment où son existence a lieu et [cet attribut] est différent de ce qui a reçu l’existence, selon nous autres [matouridiyy]. La volonté est un attribut de Allah ta^ala de toute éternité et immuablement Sien à [Allah] ta^ala Lui-même.
La vision que les croyants auront de Allah ta^ala est possible selon la raison et obligatoire selon ce qui est rapporté, et les preuves selon les textes sont parvenues concernant l’obligation de la vision de Allah ta^ala par les croyants dans la résidence de l’au-delà. Ainsi, Il sera vu sans qu’Il soit dans un endroit ni dans une direction, que ce soit de face, par la réception d’un rayon lumineux, ou par la délimitation d’une distance entre celui qui regarde et Allah ta^ala. Et Allah ta^ala est le Créateur des actes des esclaves, que ce soit la mécréance ou la foi, l’obéissance ou la désobéissance. Ils existent tous par Sa volonté, Son vouloir et Son décret, Sa destinée et Sa prédestination. Et les esclaves ont des actes [qu’ils font] de leur propre choix pour lesquels ils seront récompensés ou châtiés. Ce qui relève du bien parmi ces actes existe par l’agrément de Allah ta^ala et ce qui relève du mal n’existe pas par Son agrément ta^ala. La capacité à accomplir l’acte est conjointe à l’acte, c’est la réalité de la puissance par laquelle l’acte a lieu. Cette appellation de capacité est [aussi] effective lorsque les causes, les organes et les sens sont sains. La validité de la responsabilité est basée sur cette [deuxième] capacité. L’esclave n’est pas chargé de ce qu’il ne peut pas faire.
La douleur qui existe dans ce qui est frappé à la suite du coup porté par quelqu’un, et la cassure du verre à la suite du bris occasionné par quelqu’un, toutes ces choses sont des créatures de Allah ta^ala ; l’esclave n’est pas l’auteur de leur création. Celui qui est assassiné meurt à son échéance. La mort [est une chose qui] advient au mort et c’est une créature de Allah ta^ala ; l’esclave n’en est pas l’auteur, ni par la création ni par l’acquisition. L’échéance est fixée. [Ce qui provient de] l’illicite est [aussi] une subsistance. Tout un chacun percevra sa propre subsistance entièrement, qu’elle soit licite ou illicite et il n’est pas concevable que quelqu’un ne consomme pas sa subsistance ni que quelqu’un d’autre la lui consomme. Et Allah ta^ala égare qui Il veut et Il guide qui Il veut. Ce qui est le mieux pour l’esclave, ce n’est pas un devoir pour Allah ta^ala [de le lui accorder]. Le supplice de la tombe pour les mécréants et certains désobéissants parmi les croyants, la félicité accordée aux gens de l’obéissance dans la tombe et l’interrogatoire de Mounkar et Nakir sont confirmés par les preuves selon les textes. La résurrection est une réalité, la pesée [des actes] est une réalité, le livre [où sont consignés les actes des esclaves] est une réalité, le questionnement est une réalité, le bassin est une réalité, le pont est une réalité, le paradis est une réalité et l’enfer est une réalité. [Tous deux] sont déjà créés actuellement. Ils existent et demeureront éternellement, ils ne seront pas anéantis, ni eux ni leurs habitants.
Le grand péché ne fait pas sortir l’esclave croyant de la foi et ne le fait pas entrer dans la mécréance. Allah ta^ala ne pardonne pas qu’on Lui attribue un associé et Il pardonne ce qui est en deçà à qui Il veut, que ce soit parmi les petits péchés ou les grands [péchés]. Le châtiment est possible pour le petit péché et le pardon est possible pour le grand péché, s’il n’a pas été commis en se le rendant licite. Se rendre licite [le péché] est de la mécréance.
L’intercession en faveur des grands pécheurs est confirmée pour les messagers ainsi que pour ceux qui ont un mérite. Ceux qui ont commis les grands péchés parmi les croyants ne resteront pas éternellement en enfer. La foi selon la Loi de l’Islam (Chari^ah), c’est de croire fermement en ce qu’a rapporté le Prophète r (^alayhi s–salatou wa s-salam) de la part de Allah ta^ala et de le reconnaître. Quant aux œuvres, elles s’accroissent en elles-mêmes mais la foi ne s’accroît pas et ne diminue pas. [La foi] et l’Islam sont indissociables. S’il y a en l’esclave la ferme croyance ainsi que la reconnaissance, il lui est valable de dire : je suis un croyant véritablement. Et il ne convient pas qu’il dise : je suis un croyant si Allah le veut. L’heureux peut devenir malheureux et le malheureux peut devenir heureux. Le changement concerne la félicité et le malheur mais pas le fait de rendre heureux ou de rendre malheureux qui sont tous deux des attributs de Allah ta^ala. Le changement n’affecte pas Allah, ni Ses attributs.
Dans l’envoi des messagers, il y a une sagesse. Allah ta^ala a envoyé des messagers humains pour les humains, annonciateurs de bonne nouvelle, mettant en garde et montrant aux gens ce dont ils ont besoin, parmi les choses de ce bas-monde et de la religion. Il les a appuyés par des miracles qui rompent avec l’ordinaire. Le premier des prophètes est ‘Adam ^alayhi s-salam et le dernier d’entre eux est Mouhammad. Il a été rapporté ce qui fait référence à leur nombre dans certains hadith. Il est préférable de ne pas se limiter à un nombre lors de leur évocation. Allah ta^ala dit :
{مِنْهُمْ مَنْ قَصَصْنَا عَلَيْكَ وَمِنْهُمْ مَنْ لَمْ نَقْصُصْ عَلَيْكَ}
ce qui signifie : « Il y a parmi eux ceux dont Nous t’avons rapporté l’histoire et parmi eux ceux dont Nous ne t’avons pas rapporté [l’histoire] ». Il n’y a pas de garantie, en citant un nombre, de ne pas mettre à leur nombre qui n’en fait pas partie ou de ne pas exclure de leur nombre qui en fait partie. Et tous ont informé et porté à la connaissance de la part de Allah ta^ala, ils ont été véridiques et porté conseil. Le meilleur des prophètes est Mouhammad. Les anges sont des esclaves de Allah ta^ala. Ils œuvrent conformément à Son ordre. Ils ne sont pas qualifiés de la féminité ou de la masculinité.
Allah ta^ala a révélé des livres à Ses prophètes dans lesquels Il a exposé Son ordre et Son interdiction, Sa promesse et Sa menace. L’Ascension du Messager de Allah r à l’état d’éveil, en personne jusqu’au ciel puis jusqu’aux lieux élevés que Allah ta^ala a voulus est une réalité. Les prodiges des saints sont une réalité. Ainsi, [Allah] fait paraître le prodige, par une voie rompant avec l’ordinaire, de la main du saint, comme par exemple le parcours d’une longue distance en un temps très court, l’apparition de nourriture, de boissons ou de vêtements lors du besoin, le fait de marcher sur l’eau, de voler dans l’air, la parole de l’objet et de l’animal, et d’autres choses encore. Ceci représente un miracle pour le messager du membre de la communauté duquel ce prodige est apparu. Car, [par ce prodige], il apparaît qu’il est un saint et il n’est un saint que s’il est fondé dans sa religion, et sa religion c’est la reconnaissance du message de son messager.
Le meilleur des humains après notre Prophète [dans sa communauté] c’est Abou Bakr As–Siddiq que Allah l’agrée, puis ^Oumar Al-Farouq puis ^Outhman Dhou n-Nourayn puis ^Aliyy Al-Mourtada. Leur califat est confirmé selon cet ordre également. Le califat est de trente années. Après cela, ce furent des royautés et des émirats. Il est indispensable que les musulmans aient un imam qui se charge d’exécuter leurs lois et d’appliquer les peines légales des musulmans, de protéger leurs lignes de fronts, de préparer leurs armées et de collecter leurs aumônes [légales], de réprimer les oppresseurs, les voleurs et les brigands de grands chemins, d’assurer la tenue des prières du vendredi et celles des deux fêtes, de mettre un terme aux conflits ayant lieu entre les esclaves [de Allah], de recueillir les témoignages attenants aux droits, de marier les jeunes gens et les jeunes femmes qui n’ont pas de tuteurs, de partager les butins et ce qui est du même genre.
De plus, il convient que l’imam soit apparent, non caché ni attendu, qu’il soit de Qouraych et il n’est pas permis qu’il ne soit pas de Qouraych. Il n’est pas forcément de Bani Hachim ni des descendants de ^Aliyy, que Allah l’agrée. Ce n’est pas une condition que l’imam soit préservé, ni qu’il soit le meilleur de son époque. Il est une condition qu’il un pouvoir total, qu’il sache mener à bien les affaires, qu’il soit capable d’assurer l’exécution des lois, de protéger les frontières de la terre d’Islam, de reprendre le droit de celui qui a subi une injustice à celui qui l’a commise. L’imam n’est pas déchu par le grand péché et l’injustice. Il est permis d’effectuer la prière derrière tout juste et tout grand pécheur et on effectue la prière [funéraire] pour tout juste et tout grand pécheur. On s’abstient d’évoquer [la totalité des] compagnons autrement qu’en bien.
Et nous reconnaissons le paradis aux dix à qui le Prophète a annoncé la bonne nouvelle qu’ils seront au paradis et nous confirmons le passage de la main mouillée sur les bottines pour le résident ou pour le voyageur. Nous n’interdisons pas [la consommation du liquide obtenu par] macération des dattes. Un saint n’atteint pas le degré des prophètes par définition. L’esclave n’atteint pas un état le dispensant de l’ordre ou de l’interdiction. Et il est donné aux textes leur sens propre. Abandonner cela pour recourir à des sens prétendus par les gens de l’ésotérisme est de l’irréligion. L’opposition aux textes est de la mécréance. Se rendre licite le péché de même que le dédaigner est de la mécréance. Se moquer de la Loi de l’Islam (chari^ah) est de la mécréance. Désespérer de la miséricorde de Allah ta^ala est de la mécréance. Croire que Allah ne châtie personne pour son péché est de la mécréance. Porter foi au devin au sujet de ce qu’il annonce des choses cachées est de la mécréance. Ce qui est anéanti n’est pas une chose qui existe. Les invocations des vivants pour les morts et les aumônes données en leur faveur leur sont profitables. Allah ta^ala exauce les invocations, donne satisfaction aux besoins. Ce que le Prophète a porté à la connaissance de ce qui est signe du jour dernier, l’apparition du faux messie, celle de la bête de la terre, de Ya’jouj et Ma’jouj, de la descente du ciel de ^Iça ^alayhi s-salam, du lever du soleil de son couchant, tout cela est une réalité. Le moujtahid peut se tromper et peut viser juste. Les messagers [de genre] humain sont meilleurs que les messagers [du genre] des anges, et les messagers [du genre] des anges sont meilleurs que le commun des humains – les saints -. Et le commun des humains – les saints – est meilleur que le commun des anges. Et Allah sait plus que tout autre.