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Croyance : Exceptions à la mécréance

Posted in Croyance par chaykhaboulaliyah sur juin 26, 2011

Les exceptions à la mécréance par la parole

Font exception à la mécréance par la parole les choses suivantes :

Le cas du lapsus : c’est-à-dire lorsqu’on dit une de ces paroles sans le vouloir : la parole est passée sur la langue alors qu’on n’avait absolument pas voulu la dire.

Le cas de celui qui n’avait pas sa raison : c’est-à-dire l’absence de lucidité d’esprit.

Le cas de la menace : si quelqu’un prononce la mécréance par la langue, contre son gré sous la menace d’être exécuté ou de subir ce qui revient au même, son cœur étant apaisé par la foi, il ne sort pas de l’Islam. Allah ta^ala dit :

]مَنْ كفر بالله من بعد إيمانه إلا من أُكرِهَ وقلبه مطمئنّ بالإيمان وَلَكِنْ مَنْ شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْراً فَعَلَيْهِمْ غَضَبٌ مِنَ اللهِ[ [1]

(man kafara bil-Lahi min ba^di ‘imanihi ‘il-la man ‘oukriha wa qalbouhou moutma’innoun bil-‘imani wa lakin man charaha bil-koufri sadran fa^alayhim ghadaboun mina l-Lah) ce qui signifie : « Si quelqu’un fait de la mécréance après avoir été musulman, il subira le châtiment de Allah, sauf celui qui est sous la menace [d’être exécuté immédiatement ou de ce qui revient au même] et dont le cœur est apaisé par la foi, mais si quelqu’un ouvre son cœur à la mécréance [il subira le châtiment de Allah] ».

Le cas de celui qui rapporte la mécréance d’autrui : celui qui rapporte la mécréance d’autrui ne devient pas mécréant s’il le fait sans s’en satisfaire et sans l’apprécier. La preuve concernant l’exception du cas du discours rapporté figure dans le Qour’an.

Ensuite, l’expression du discours rapporté qui prévient celui qui rapporte une parole de mécréance de tomber dans la mécréance est placée soit au début de la parole qu’il rapporte de celui qui a mécru, soit juste après avoir cité la parole alors qu’il avait eut l’intention de citer la formule de discours rapporté avant de dire la parole de mécréance.

Le cas de celui qui a fait une interprétation par son propre effort (‘ijtihad) concernant sa compréhension de la Loi de l’Islam : celui qui fait une interprétation ne devient pas mécréant sauf si son interprétation concerne les choses dont la preuve est catégorique­ment établie et qu’il s’est trompé, dans ce cas il n’est pas excusé. C’est le cas par exemple de l’interprétation de ceux qui ont dit que ce monde est exempt de début, comme l’a dit Ibnou Taymiyah. Quant à l’exemple du cas où celui qui fait une mauvaise interprétation ne sort pas de l’Islam, c’est le cas de ceux qui se sont abstenus de payer la zakat à l’époque de Abou Bakr. Ceux-là pensaient que la zakat était un devoir du vivant du Messager car ses invocations étaient pour eux une miséricorde et un apaisement et que cela avait été interrompu avec sa mort. Les compagnons ne les ont pas jugés mécréants pour cela, car ces gens-là avaient compris de Sa parole ta^ala :

]خُذْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ صَدَقَةً تُطَهِّرُهُمْ وَتُزَكِّيهِمْ بِهَا وَصَلِّ عَلَيهِم إِنَّ صَلَوٰتَكَ سَكَنٌ لَهُمْ[  [2]

(khoudh min ‘amwalihim sadaqatan toutahhirouhoum wa touzakkihim biha wa salli ^alayhim ‘inna salataka sakanoun lahoum) ce qui signifie : « Prends de leurs biens une aumône qui les purifie et les augmente en bénédic­tions ; et fais des invocations en leur faveur, certes tes invocations sont un apaisement pour eux », ils en avaient compris que ce qui est visé par Sa parole [خُذْ] était : « prends  ô Mouhammad, la zakat afin qu’elle soit, s’ils te la versent, une miséricorde et un apaisement pour eux » et que cela ne se produirait plus après son décès, par conséquent il n’était plus un devoir pour eux de la verser puisqu’il était mort et que c’est lui qui avait reçu l’ordre de la prendre d’eux. Ils n’avaient pas compris que le jugement était général, pendant sa vie et après sa mort. Abou Bakr ne les a combattus, tout comme il a combattu les apostats qui avaient suivi Mouçaylimah le menteur dans sa prétention à la prophétie, que parce qu’il ne pouvait pas prendre d’eux la zakat par la contrainte sans combattre. Ils possédaient en effet une certaine puissance. Il fut alors dans la nécessité d’engager le combat. Il en est de même pour ceux qui ont interprété Sa parole ta^ala :

[فَهَلْ أَنْتُمْ مُنْتَهُونَ] [3]

(fahal ‘antoum mountahoun) qui signifie : « Allez-vous en finir ?! » par le fait de donner le choix et que ce n’était pas une interdiction des boissons alcoolisées. En effet, ^Oumar ne les a pas jugés mécréants, mais il a dit : « Donnez-leur quatre-vingts coups de fouet chacun, puis s’ils récidivent [4], exécutez-les » Fin de citation [rapporté par Ibnou Abi Chaybah].

Les compagnons n’ont déclaré mécréants que les autres, ceux qui ont apostasié parce qu’ils ont cru en Mouçaylimah le menteur, celui qui a prétendu être messager. Ainsi, leur combat contre ceux qui se sont abstenus de payer la zakat dans les circonstances mentionnées, a été mené pour prendre le droit qui leur incombait par obligation sur leurs biens. Et ceci est comparable au combat contre les rebelles ; en effet, ils ne sont pas combattus pour leur mécréance mais ils sont combattus pour les faire revenir à l’obéissance au Calife, comme ceux que notre maître ^Aliyy a combattus dans les trois batailles : la bataille de Al-Jamal, celle de Siffin contre Mou^awiyah et celle de An-Nahrawan contre les khawarij, en précisant toutefois qu’il y avait une catégorie des khawarij qui étaient effectivement des mécréants ; ceux-là avaient donc un jugement particulier.

Le Hafidh Abou Zour^ah Al-^Iraqiyy a dit dans les questions qu’il a traitées : « Notre Chaykh Al-Boulqiniyy a dit : Il convient de dire « sans interprétation » pour excepter les rebelles et les khawarij qui se sont rendus licite le sang des gens de la vérité ainsi que leurs biens et qui croient que leur sang à eux est interdit aux gens de la vérité, et ceux qui ont nié l’obligation de la zakat sur eux après le Messager de Allah r en ayant fait une mauvaise interprétation, les compagnons, que Allah les agrée, ne les ont pas jugés mécréants » Fin de citation. Ceci est une preuve de ce qui est rapporté dans l’école à propos de la question de l’interprétation (ta’wil) par l’effort de compréhension (ijtihad).

Aussi, parmi les preuves rapportées qui témoignent au sujet de la question de l’effort de compréhension par l’interprétation et par celle du discours rapporté, il y a la parole de Chamsou d-Din Ar-Ramliyy dans son commentaire de Minhajou tTalibin, au début du chapitre de l’apostasie, commentant la parole de An-Nawawiyy : « L’apostasie est la rupture de l’Islam par une intention ou une parole de mécréance », il a dit : « Il n’y a donc pas de conséquence en cas de lapsus ou de menace, et en cas d’ijtihad et de discours rapporté d’une parole de mécréance ».

Quant à la parole de l’auteur du texte qui se trouve en marge du commentaire Nourou d-Din ^Aliyy Ach-Chabramalliciyy, décédé en l’an mille quatre-vingt sept, lors la parole de Ar-Ramliyy : « et en cas d’ijtihad », parole que nous rapportons : « C’est-à-dire : pas de façon absolue, comme cela est clairement illustré par ce qui va venir, à savoir que ceux qui disent que le monde est sans commencement ou des choses similaires sont mécréants bien qu’ils l’aient affirmé à partir d’un ‘ijtihad et par déduction ». L’autre auteur qui a commenté en marge l’ouvrage de Ar-Ramliyy, à savoir Ahmad Ibnou ^Abdi r-Razzaq connu sous le nom de Al-Maghribiyy Ar-Rachidiyy, décédé en l’an mille quatre-vingt seize a dit : « Sa parole : « en cas d’ijtihad » c’est-à-dire concer­nant ce dont la preuve catégorique du contraire n’a pas été établie. La preuve en est la mécréance de ceux qui ont dit que le monde est sans commencement par exemple, bien que cela vienne d’un ‘ijtihad de leur part » Fin de citation.

Partant de là, on sait que ce n’est pas toute interprétation qui sauve son auteur de la mécréance. Par conséquent, que celui qui recherche la science de la religion, garde en mémoire la parole de Ar-Rachidiyy précédemment citée : « concernant ce dont une preuve catégorique du contraire n’a pas été établie » –c’est-à-dire qu’il garde cette parole présente dans son cœur car elle est importante– parce que l’interprétation en présence de la preuve catégorique du contraire ne sauve pas son auteur de la mécréance.

Notre parole au sujet des khawarij, que certains sont exceptés parmi ceux qui n’ont pas été déclarés mécréants, est due à la confirmation de ce qui entraîne le jugement de mécréance à l’égard de certains autres parmi eux, comme cela est appuyé par la parole de certains compagnons ayant rapporté les hadithconcer­nant les khawarij.

Quant à ce qui est attribué à notre maître ^Aliyy, qu’il aurait dit : (Nos frères se sont rebellés contre nous), il n’y a pas en cela de preuve pour les juger dans leur totalité musulmans. En effet, d’une part, cette parole n’a pas été confirmée par chaîne de transmission jusqu’à ^Aliyy. D’autre part, le Hafidh Moujtahid Ibnou Jarir AtTabariyy les a jugés catégoriquement mécréants, ainsi que d’autres que lui. Cette divergence dans les avis est imputable aux différents cas des khawarij, certains d’entre eux sont parvenus jusqu’à la mécréance tandis que d’autres n’y sont pas parvenus.

Ce sujet, certains l’ont désigné par le terme (ijtihad) alors que d’autres l’ont désigné par le terme (ta’wil). Parmi ceux qui l’ont appelé (ta’wil), il y a le Hafidh, Faqih chafi^iyy, Sirajou d-Din Al-Boulqiniyy à propos duquel l’auteur du Qamous a dit : « Le savant du monde ». Et certains auteurs du commentaire de Minhajou tTalibin l’ont appelée (ijtihad). Il est toutefois indispensable que les deux expressions soient utilisées en ayant bien à l’esprit une restriction remarquable.

Partant de là, il est à savoir que ce n’est pas toute interprétation qui sauve son auteur de la mécréance, et que personne ne pense que cela est absolu, car la généralisation dans ce domaine est une perversion et une sortie de la religion.

Ne vois-tu pas en effet que nombre de ceux qui se réclament de l’Islam en versant dans la philosophie sont sortis de la religion en croyant que le monde est sans commencement, à partir d’un ijtihad de leur part ; malgré cela, les musulmans ont été unanimes à les juger mécréants, comme cela a été cité par le Mouhaddith et Faqih Badrou d-Din AzZarkachiyy dans son commentaire de Jam^ou l-Jawami^. Il a dit à leur sujet, –après avoir cité les deux groupes, l’un disant que le monde est sans commencement par sa matière et sa composition et l’autre disant que le monde est sans commencement par sa matière, c’est-à-dire par son genre, seulement  : « Les musulmans s’accordent à les juger égarés et mécréants ». Il en est de même pour les mourji’ah qui disent qu’aucun péché n’est nuisible en ayant la foi tout comme aucune bonne action n’est profitable en étant mécréant. Ils ont dit cela à partir de leur ijtihad et par leur interprétation de certains textes. Ils n’ont pas été excusés. De même, d’autres groupes se sont égarés, bien qu’ils se réclament de l’Islam. Leur égarement a eu lieu par un ijtihad par interprétation. Nous demandons à Allah qu’Il nous maintienne sur la vérité.

Règle : La parole qui a deux significations, l’une rentrant dans une catégorie de mécréance et l’autre n’est pas une mécréance, et dont le sens qui vient communément à l’esprit est celui qui est une mécréance (sachant que ce n’est pas le seul sens de cette parole), celui qui la prononce n’est pas jugé mécréant tant qu’on ne sait pas lequel des deux sens il a visé. S’il dit : (j’ai visé le sens qui est de la mécréance), il est jugé mécréant et on lui applique les jugements relatifs à l’apostasie. Sinon, il n’est pas jugé mécréant. De même, si la parole a plusieurs significations qui relèvent toutes de la mécréance mais possède une seule signification ne présentant pas de mécréance, son auteur n’est pas jugé mécréant sauf si on sait de lui qu’il a visé le sens relevant de la mécréance. C’est en effet ce qu’ont cité plusieurs savants hanafiyy dans leurs livres. Quant à ce que disent certains individus (que s’il y avait au sujet du mot quatre-vingt dix-neuf avis en faveur du jugement de mécréance et un seul avis contre le jugement de mécréance, on choisirait de juger non mécréant), ceci n’a pas de sens. De plus, il n’est pas valable d’attribuer cela à Malik ou à Abou Hanifah, à l’instar de Sayyid Sabiq qui l’a attribué à Malik. Ceci s’est répandu chez certains contempo­rains, qu’ils craignent donc Allah.

Les savants ont dit : Ce qui est explicite dans la mécréance (sarih) c’est-à-dire ce qui n’a qu’un seul sens qui implique le jugement de mécréance,  celui qui le prononcé est jugé mécréant, par exemple si quelqu’un dit (je suis Allah). Si cette parole provient d’un saint (waliyy) dans l’état où il n’a pas sa raison, même s’il n’était pas responsable à ce moment-là, on le réprimande. Ceci a été cité par ^Izzou d-Din Ibnou ^Abdi s-Salam et ce, parce que la mesure discipli­naire a un effet sur celui qui n’a pas sa raison tout comme elle a un effet sur celui qui est éveillé et conscient, tout comme elle a un effet sur les animaux. En effet, si les animaux sont frappés quand ils sont récalcitrants, ils cessent d’être récalcitrants même s’ils n’ont pas de raison. De même, le saint qui prononce une parole de mécréance lorsqu’il n’a pas sa raison, quand il est frappé ou qu’on élève la voix sur lui, il cesse du fait de l’instinct de conservation. Encore qu’il n’advient au saint aucune mécréance lorsqu’il a sa raison, sauf s’il fait un lapsus ou s’il n’a pas sa raison car le saint est protégé de la mécréance, à l’inverse du péché grand ou petit qui est possible de la part d’un saint ; toutefois il ne persiste pas là-dessus et il se repent peu de temps après. Il se peut même qu’un grand péché se produise de la part d’un saint peu de temps avant sa mort mais il ne meurt qu’en s’étant repenti. Ainsi, Talhah Ibnou ^Oubaydi l-Lah et AzZoubayr Ibnou l-^Awam, que Allah les agrée tous deux, se sont repentis. Ils sont en effet sortis contre l’Émir des croyants ^Aliyy, que Allah l’agrée, en s’engageant dans les rangs de ceux qui l’ont combattu à Al-Basrah. Notre maître ^Aliyy a alors rappelé à chacun d’eux un hadith. À AzZoubayr il a dit : N’est-ce pas que le Messager de Allah t’a dit :

(( إِنّك لتقاتلنّ عليّا وأنت ظالم له ))

(‘Innaka latouqatilanna ^Aliyyan wa ‘anta dhalimoun lah) ce qui signifie : « Certes tu combattras ^Aliyy en étant injuste envers lui ». Il a alors dit : « j’avais oublié ». Il est donc reparti en abandonnant son combat, et c’est alors qu’un homme de l’armée de ^Aliyy l’a rejoint sur son chemin et l’a tué. Ainsi, il s’était repenti par le rappel de ^Aliyy et il n’est donc mort qu’après s’être repenti. Quant à Talhah, ^Aliyy lui avait dit : « N’est-ce pas que le Messager de Allah t’a dit :

(( مَن كُنْتُ مولاه فَعَلِيٌّ مولاه ))

(man kountou mawlahou fa^Aliyyoun mawlah) ce qui signifie : « Ceux que je soutiens, ^Aliyy les soutient ». Il est alors reparti mais Marwan Ibnou l-Hakam l’a atteint d’une flèche et il en est mort. Talhah aussi s’était repenti et avait regretté lorsque ^Aliyy lui avait rappelé ce hadith. Ainsi, chacun des deux n’est mort qu’après s’être repenti. Les deux hadith sont sahih et le deuxième est même moutawatir [5]. De plus, l’Imam Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy a cité qu’il est pardonné à Talhah et AzZoubayr, du fait de la bonne nouvelle que leur avait annoncée le Messager de Allah avec huit autres dans une même assemblée. Ceci est donc, de la part de Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy, une confirmation qu’ils avaient tous deux fait un péché. Il avait dit la même chose au sujet de ^A’ichah du fait de la bonne nouvelle qui lui avait été annoncée aussi. Elle avait d’ailleurs regretté d’un immense regret de s’être engagée dans les rangs de ceux qui combattaient ^Aliyy, au point que lorsqu’elle se rappelait de son voyage vers Al-Basrah et d’avoir rejoint les rangs de ceux qui combattaient ^Aliyy, elle pleurait jusqu’à en tremper son khimar –voile– de larmes. Ceci est aussi moutawatir. Il a dit aussi au sujet de ceux avaient combattu ^Aliyy dans la bataille de Al-Jamal autres que Talhah et AzZoubayr, et de ceux qui avaient combattu avec Mou^awiyah contre ^Aliyy dans la bataille de Siffin : « Le pardon de leur acte est possible », tout comme cela a été rapporté par l’Imam Abou Bakr Ibnou Fourak de Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy dans son livre Moujarradou Maqalati l-‘Ach^ariyy. Ibnou Fourak est l’élève de l’élève de Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy à savoir Abou l-Haçan Al-Bahiliyy que Allah les agrée. Quant à ce que pensent certains ignorants, que le saint ne tombe pas dans le péché, ceci est une terrible ignorance. Ces trois-là : Talhah, AzZoubayr et ^A’ichah font partie des grands saints.

L’Imam des deux Haram –les deux enceintes sacrées de La Mecque et de Médine– Al-Jouwayniyy a dit : « Les savants des fondements de la religion sont unanimes à dire que celui qui prononce une parole d’apostasie –c’est-à-dire de mécréance– et prétend qu’il a fait une tawriyah [6], celui-là est jugé mécréant selon l’apparence et selon le jugement de Alla», et il était en accord avec eux sur ce point. Ceci signifie que l’interprétation trop éloignée de sa parole ne lui sera pas utile, comme celui qui dit : (yal^an raçoula l-Lah) ce qui signifie : (que soit maudit l’envoyé de Allah) en ajoutant : (je visais par envoyé de Allah la foudre).

De plus, beaucoup de savants, tels le Faqih hanafiyy Badrou r-Rachid qui a vécu à l’approche du huitième siècle de l’hégire, ont énuméré de nombreux exemples. Il convient d’en prendre connaissance car celui qui ne connaît pas le mal risque d’autant plus d’y tomber. Alors, que l’on prenne garde. Il a été confirmé à propos d’un des compagnons qu’il a pris sa langue et qu’il s’est ensuite adressé à elle en disant : « Ô langue, dis du bien tu gagneras et garde-toi de dire du mal, tu seras sauvée, avant de le regretter. Certes, j’ai entendu le Messager de Allah r dire :

(( أَكْثَرُ خَطَايَا ابْنِ آدَمَ مِنْ لِسَانِهِ ))

[rapporté par AtTabaraniyy avec une chaîne de transmission sûre du hadith de ^Abdou l-Lah Ibnou Mas^oud] (‘aktharou khataya bni ‘Adama min liçanih) ce qui signifie : « La plupart des péchés du fils de Adam provient de sa langue ». Parmi ces péchés, il y a la mécréance et les grands péchés.

Dans un autre hadith du Messager r il y a :

)) إِنَّ الْعَبْدَ لَيَتَكَلَّمُ بِالْكَلِمَةِ مَا يَتَبَيَّنُ فِيهَا يَهْوِي بِهَا في النَّارِ أَبْعَدَ ِممَّا بَيْنَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ (( 

[rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim du hadithde Abou Hourayrah] (‘inna l-^abda layatakallamou bi l-kalimati ma yatabayyanou fiha yahwi biha fi n-nari ‘ab^ada mimma bayna l-machriqi wa l-maghrib) ce qui signifie : « Certes, il arrive que quelqu’un prononce une parole dont il n’a pas distingué la portée, mais à cause de laquelle il chutera en enfer plus loin encore que ce qui sépare le levant du couchant ».

Remarque importante

Le jugement de celui qui commet une de ces sortes de mécréance est que ses bonnes actions ainsi que ses récompenses sont toutes annulées. Il ne lui sera pas compté l’équivalent d’une poussière d’une récompense qu’il aurait fait auparavant, comme une aumône, un hajj, un jeûne, une prière ou autre. Ce qui lui sera compté, ce sont les nouvelles bonnes actions qu’il aura accomplies après avoir renouvelé sa foi. Allah ta^ala dit :

[وَمَنْ يَكْفُرْ بِالإِيمَانِ فَقَدْ حَبِطَ عَمَلُهُ] [7]

(wa man yakfour bi l-‘imani faqad habita ^amalouh) ce qui signifie : « Celui qui apostasie, ses bonnes œuvres sont annulées ».

S’il dit (‘astaghfirou l-Lah) –je demande à Allah qu’Il me pardonne– avant d’avoir renouvelé sa foi en disant « je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah et je témoigne que Mouhammad est le messager de Allah », donc en étant toujours sur son état de mécréant, dire (‘astaghfirou l-Lah) ne lui ajoute que péché et mécréance. Il contredit ainsi la parole de Allah ta^ala :

[إِنَّ الذِينَ كَفَرُوا وصَدُّوا عَن سَبِيلِ اللهِ ثُمَّ ماتُوا وهُمْ كفّارٌ فلَنْ يغفِرَ اللهُ لَهُم] [8]

(‘inna l-ladhina kafarou wa saddou ^an sabili l-Lahi thoumma matou wa houm kouffaroun falan yaghfira l-Lahou lahoum) qui signifie : « Certes, ceux qui ont mécru et ont empêché les gens d’entrer en Islam, puis sont morts en étant mécréants, ceux-là Allah ne leur pardonne pas » et Sa parole ta^ala :

]إنَّ الذِينَ كَفَرُوا وظَلَمُوا لَمْ يَكُنِ اللهُ لِيَغْفِرَ لَهُم ولا لِيَهْدِيَهُم طَرِيقًا إِلاّ طَرِيقَ جَهَنَّمَ خالِدِينَ فيها أَبَدًا[9] [

(‘inna l-ladhina kafarou wa dhalamou lam yakouni l-Lahou liyaghfira lahoum wa la liyahdiyahoum tariqan ‘il-la tariqa jahannama khalidina fiha ‘abada) qui signifie : « Certes, ceux qui ont mécru et fait preuve d’injustice, Allah ne leur pardonne pas et ne les mènera qu’à l’enfer dans lequel ils resteront éternellement, à jamais ».

Ibnou Hibban a rapporté de ^Imran Ibnou l-Housayn : un homme est venu auprès du Messager de Allah et lui a dit : « Ô Mouhammad, ^Abdou l-Mouttalib est meilleur que toi pour son peuple. Il leur donnait à manger du foie et de la graisse de bosse de chameaux alors que toi tu les envoies se faire tuer ». Le Prophète lui a alors dit ce que Allah a voulu qu’il dise –c’est à dire qu’il lui a répliqué– et lorsque cet homme a voulu s’en aller, il a dit : « Qu’est-ce que je dis ? ». Il lui a répondu :

(( قُلِ اللَّهُمَّ قِنِي شَرَّ نَفْسِي وَاعْزِمْ لِي عَلَى أَرْشَدِ أَمْرِي ))

(Qouli l-Lahoumma qini charra nafsi wa ^zim li ^ala ‘archadi ‘amri) ce qui signifie : « Dis : Ô Allah, préserve-moi du mal de mon âme et guide-moi vers ce qui est le mieux pour moi ». L’homme s’en est allé, il n’était pas encore musulman à ce moment-là. Par la suite, il a dit au Messager de Allah : « J’étais venu auprès de toi et je t’avais demandé de m’enseigner et tu m’avais dis : « Qoul –dis– Allahoumma qini charra nafsi wa^zim li ^ala ‘archadi ‘amri », alors que vais-je dire maintenant que je suis entré en Islam ? » Il lui a dit :

)) قُلِ اللَّهُمَّ قِنِي شَرَّ نَفْسِي وَاعْزِمْ لِي عَلَى أَرْشَدِ أَمْرِي اللَّهُمَّ اغْفِرْ لِي مَا أَسْرَرْتُ وَمَا أَعْلَنْتُ وَمَا أَخْطَأْتُ وَمَا عَمَدْتُ وَمَا جَهلْتُ ((

(Qouli l-Lahoumma qini charra nafsi wa^zim li ^ala ‘archadi ‘amri ; Allahoum­ma ghfir li ma ‘asrartou wa ma ‘a^lantou wa ma ^amadtou wa ma ‘akhta’tou wa ma jahilt) ce qui signifie : « Dis : Ô Allah, préserve-moi du mal de mon âme et guide-moi vers ce qui est le mieux pour moi ; ô Allah, pardonne-moi ce que j’ai fait en secret et ce que j’ai fait au grand jour, ce que j’ai fait par erreur ce et que j’ai fait exprès et ce dont je n’ai pas eu connaissance ».

D’autre part, il y a parmi les jugements concernant l’apostat, la l’annulation du contrat de mariage légal qui existait entre sa femme et lui. La relation entre eux après sa sortie de l’Islam est une relation qui n’est pas légale [10]. Le rapport qu’il aura avec elle sera de la fornication. Il n’y a pas de différence que ce soit le mari qui soit sorti de l’Islam ou que ce soit l’épouse qui soit sortie de l’Islam.


[1] [souratou n-Nahl / 106]

[2] [souratou l-Hajj / 40]

[3] [souratou l-Ma‘idah / 91]

[4] à renier l’interdiction.

[5] Le hadith moutawatir est une nouvelle transmise par un grand groupe de gens à un grand groupe de gens et ainsi de suite depuis les compagnons du Prophète, de sorte qu’à chaque génération, le nombre de gens dans le groupe soit suffisant pour que l’on ne puisse pas concevoir qu’ils se sont mis d’accord pour mentir ou bien qu’ils ont coincidé indépendamment les uns des autres sur la même erreur, l’origine de cette nouvelle étant l’observation visuelle ou auditive directe et non pas une déduction rationnelle.

[6] C’est–à-dire qu’il a visé un sens très éloigné du sens de sa parole qui vient communément à l’esprit.

[7] [souratou l-Ma‘idah / 5]

[8] [sourat Mouhammad / 34]

[9] [souratou n-Niça/ 168-169]

[10] Sauf en cas de retour à l’Islam avant la fin de la fin de la période d’attente post-maritale, dans ce cas il n’y a pas besoin de renouveler le contrat de mariage ; sinon il faut faire un nouveau contrat si le retour à l’Islam intervient après la fin de la période d’attente post-maritale.

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