Mawlid : Chapitre de la précision du sens de l’Innovation et de son jugement
Sache que l’innovation (al-bid^ah) dans la langue est ce qui a été innové sans équivalent antérieur ; on dit par exemple : tu as fait une chose badi^, c’est-à-dire une chose nouvelle, étonnante qu’on ne connaissait pas avant cela. Selon la Loi de l’Islam, c’est ce qui a été innové sans que cela soit cité ni dans le Qour’an ni dans la Sounnah. Ibnou l-^Arabiyy a dit : « L’innovation (bid^ah) et la nouveauté (mouhdath) ne sont pas blâmables pour leur appellation d’innovation et de nouveauté, ni pour leur sens, mais ce qui est blâmable parmi ce qui relève de l’innovation, c’est ce qui contredit la tradition prophétique, et ce qui est blâmable parmi les nouveautés, c’est ce qui appelle à l’égarement ». Fin de citation.
Les différentes sortes d’innovations :
L’innovation se divise en deux sortes :
L’innovation d’égarement : c’est la nouveauté qui contredit le Qour’an et la Sounnah ;
L’innovation de bonne guidée : c’est la nouveauté qui est en accord avec le Qour’an et la Sounnah.
Cette classification, on la comprend du hadith de Al-Boukhariyy [1] et Mouslim [2] d’après ^A‘ichah, que Allah l’agrée, qui a dit : « Le Messager de Allah r a dit :
((مَنْ أَحدَثَ فِي أَمْرِنَا هَذَا مَا لَيْسَ مِنْهُ فَهُوَ رَدٌّ))
ce qui signifie : « Celui qui innove dans notre religion une chose qui n’y est pas conforme, elle est rejetée« . Ce hadith a été rapporté par Mouslim [3] en d’autres termes à savoir : ((مَنْ عَمِلَ عَمَلاً لَيْسَ عَلَيْهِ أَمْرُنَا فَهُوَ رَدٌّ)) ce qui signifie : « Celui qui fait une œuvre qui n’est pas en accord avec notre religion, elle est rejetée« . Par sa parole : ((ما ليس منه)) ce qui signifie : « qui n’y est pas conforme« , le Messager de Allah r a expliqué que la nouveauté est rejetée si elle va à l’encontre de la Loi de l’Islam et que la nouveauté qui est en accord avec la Loi de l’Islam n’est pas rejetée.
Cette classification est déduite également de ce qu’a rapporté Mouslim [4] dans son Sahih, du hadith de Jarir Ibnou ^Abdou l-Lah Al-Bajliyy, que Allah l’agrée, qui a dit : « Le Messager de Allah r a dit :
))مَنْ سَنَّ فِي الإِسْلامِ سُنَّةً حَسَنَةً فَلَهُ أَجْرُهََا وَأَجْرُ مَنْ عَمِلَ بِهَا بَعْدَهُ مِنْ غَيْرِ أَنْ يَنْقُصَ مِنْ أُجُورِهِمْ شَىْءٌ، وَمَنْ سَنَّ فِي الإِسْلامِ سُنَّةً سَيِّئَةً كَانَ عَلَيْهِ وِزْرُهَا وَوِزْرُ مَنْ عَمِلَ بِهَا مِنْ بَعْدِهِ مِنْ غَيْرِ أَنْ يَنْقصَ مِنْ أَوْزَارِهِمْ شَىْءٌ((
ce qui signifie : « Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition (sounnah), il en aura la récompense et il aura une récompense chaque fois que quelqu’un la refait après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. Celui qui instaure dans l’Islam une mauvaise tradition, il se chargera de son péché et il sera chargé d’un péché chaque fois que quelqu’un la refait après lui sans que rien ne soit diminué de leurs péchés« .
Aussi, dans le recueil de Al-Boukhariyy [5] dans le livre la prière surérogatoire des nuits de Ramadan (at-tarawih), il est cité ce qui suit et qui signifie : Ibnou Chihab a dit : « Le Messager de Allah r est mort et les gens se conduisaient ainsi ». Le Hafidh Ibnou Hajar [6] a dit : « C’est-à-dire qu’ils ne faisaient pas la prière surérogatoire des nuits de Ramadan en assemblée ». Puis Ibnou Chihab dans la suite de sa citation a dit : « Et il en était ainsi à l’époque du califat de Abou Bakr et pendant la première partie du califat de ^Oumar, que Allah l’agrée ».
Il y est cité aussi [7], suite à cet événement que ^Abdou r-Rahman Ibnou ^Abdi l-Qari a dit ce qui signifie : « Je suis sorti avec ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, en une nuit de Ramadan, à la mosquée, alors que les gens étaient en groupes isolés et séparés ; certains faisaient la prière individuellement, d’autres se rassemblaient en petits groupes et faisaient la prière en assemblée, alors ^Oumar a dit : Je vois que si je rassemble ces gens pour qu’ils soient dirigés par un seul homme récitant le Qour’an, ce serait mieux. Puis il s’est décidé et les a rassemblés derrière ‘Oubayy Ibnou Ka^b. Une autre nuit, je suis sorti avec lui alors que les gens faisaient la prière derrière celui qui récitait le Qour’an, ^Oumar a dit : quelle bonne innovation que voici (ni^ma l-bid^ah hadhih) ». Fin de citation. Dans Al-Mouwatta’ [8] figure le terme : « Quelle bonne innovation que celle-ci (ni^mati l-bid^ah hadhih) ».
Le Hafidh Ibnou Hajar [9] a dit ce qui signifie : « A propos de sa parole : « ^Oumar a dit: quelle bonne innovation que voici (ni^ma l-bid^ah hadhih) », et en d’autres versions « quelle bonne innovation que celle-ci (ni^mati l-bid^ah hadhih) », et à l’origine, l’innovation c’est ce qui a été innové sans équivalent antérieur, et est employé dans la Loi de l’Islam en opposition à la tradition prophétique (sounnah) et dans ce cas elle est blâmable. La précision du sens de l’innovation est que si elle rentre dans la catégorie des choses approuvées dans la Loi de l’Islam, alors elle est approuvée ; si elle rentre dans la catégorie des choses désapprouvées dans la Loi, alors elle est désapprouvée ; sinon elle est de la catégorie des choses permises. Il se peut aussi qu’elle soit classée dans une des cinq sortes de jugement ». Fin de citation. Par les cinq sortes de jugements, il veut dire : le devoir, l’acte recommandé, l’acte indifférent, l’acte déconseillé et l’illicite.
Al-Boukhariyy [10] a cité dans son Sahih ce qui signifie : « Rifa^ah Ibnou Rafi^ Az–Zarqiyy a dit : nous étions un jour en train de faire la prière dirigés par le Prophète r ; quand il a levé sa tête de l’inclination, il a dit : ((سَمِعَ اللهُ لِمَنْ حَمِدَهُ)) (sami^a l-Lahou liman hamidah) ce qui signifie : « Allah exauce celui qui Le loue ». Un homme derrière lui a dit : (Rabbana wa laka l-hamd, hamdan kathiran, tayyiban moubarakan fih). Quand il a fini la prière et qu’il s’apprêtait à partir, le Prophète r a dit :((مَنِ المُتَكَلِّمُ)) ce qui signifie : « Qui a parlé ?« . Il a dit : « C’est moi ». Le Prophète r a dit : ((رَأَيْتُ بِضْعَةً وَثَلاثِينَ مَلَكًا يَبْتَدِرُونَهَا أَيُّهُمْ يَكْتُبُهَا أَوَّل)) ce qui signifie : « J’ai vu plus de trente anges qui se précipitaient à qui d’entre eux l’écrirait le premier« .
Ibnou Hajar a dit [11] dans Al-Fat-h dans le commentaire de ce hadith : « On a pris ce hadith pour preuve qu’il est permis d’innover dans la prière une évocation qui n’a pas été rapportée du Prophète r si elle ne contredit pas ce qui est rapporté du Prophète r ». Fin de citation.
Abou Dawoud [12] a rapporté que ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar ajoutait lors du tachahhoud : « wahdahou la charika lah » ce qui signifie : « Lui seul, Il n’a pas d’associé » et disait : « C’est moi qui l’ai ajouté ». Fin de citation.
An-Nawawiyy a dit dans son livre Tahdhibou l-‘Asma‘i wa l-Loughat [13] textuellement ce qui signifie : « L’innovation (al-bid^ah) dans la Loi de l’Islam, c’est innover ce qui n’existait pas à l’époque du Messager r, elle se divise en bonne et en mauvaise innovation. L’Imam, le Chaykh, à propos duquel il y a unanimité sur le fait qu’il est un guide, sur sa grandeur, sur sa maîtrise de nombreuses sortes de sciences et sur le fait qu’il y excellait, Abou Mouhammad ^Abdou l-^Aziz Ibnou ^Abdi s-Salam, que Allah lui fasse miséricorde et que Allah l’agrée, a dit à la fin de son livre Al-Qawa^id ce qui signifie : « L’innovation est divisée en : obligatoire, illicite, recommandée, déconseillée et permise. Il a dit : le moyen pour cela est de soumettre l’innovation aux règles de la Loi de l’Islam, si elle entre dans le cadre du devoir, elle est alors un devoir, ou dans le cadre de l’interdiction, elle est alors illicite, ou dans le cadre de la recommandation, elle est alors recommandée, ou dans le cadre du déconseillé, elle est alors déconseillée, ou dans le cadre de la permission, elle est alors dans ce cas permise« . Fin de citation de An-Nawawiyy.
Ibnou ^Abidin a dit dans Raddou l-Mouhtar [14] textuellement ce qui signifie : « L’innovation peut être un devoir, comme le fait d’établir les preuves pour répliquer aux gens des groupes égarés et l’apprentissage de la grammaire arabe qui permet de comprendre le Livre et la Tradition Prophétique ; elle peut être recommandée comme l’édification des ribat ou des medressa – école – ainsi que toute œuvre de bienfaisance qui n’avait pas lieu durant la première période de l’Islam, elle peut être déconseillée comme la décoration excessive des mosquées et elle peut être indifférente comme le fait de multiplier les plaisirs de la table, des boissons et des vêtements« . Fin de citation.
An-Nawawiyy a dit dans Rawdatou t–Talibin [15] au sujet de dou^a‘ou l-qounout textuellement ce qui signifie : « C’est cela qui a été rapporté du Prophète r et les savants lui ont ajouté : « wa la ya^izzou man ^adayt » avant : « tabarakta wa ta^alayt » et après il y a : « fa laka l-hamdou ^ala ma qadayt, ‘astaghfirouka wa ‘atoubou ‘ilayk ». J’ai dit : nos compagnons de l’école chafi^iyy ont dit : il n’y a pas de mal dans cet ajout. Abou Hamid et Al-Bandanijiyy et d’autres ont dit : il est recommandé« . Fin de citation de An-Nawawiyy.
Al-Bayhaqiyy [16] par sa chaîne de transmission dans Manaqibou ch-Chafi^iyy a rapporté que Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, a dit ce qui signifie : « Les nouveautés parmi les choses sont de deux sortes : l’une, c’est ce qui est innové et qui contredit le Livre, la Sounnah, les textes des prédécesseurs parmi les compagnons ou l’Unanimité. Celle-là est l’innovation d’égarement. La deuxième, c’est ce qui est innové et qui fait partie des bonnes choses, qui ne comporte pas de contradiction avec aucun de ceux-là et cette nouveauté-ci n’est pas blâmable« .
Parmi les innovations recommandées :
- Le monachisme innové par ceux qui ont suivi ^Iça Al-Macih ^alayhi s-salam :
Allah tabaraka wa ta^ala dit dans Son Livre honoré :
] وَجَعَلْنَا فِي قُلُوبِ الَّذِينَ اتَّبَعُوهُ رَأْفَةً وَرَحْمَةً وَرَهْبَانِيَّةً ابْتَدَعُوهَا مَا كَتَبْنَاهَا عَلَيْهِمْ إِلاَّ ابْتِغَاء رِضْوَانِ اللهِ[
[Al-Hadid / 27] ce qui signifie : « Nous avons créé dans les cœurs de ceux qui l’ont suivi une bienveillance, une miséricorde et un monachisme qu’ils ont innové ; Nous ne le leur avons pas ordonné ; ils ne l’ont fait que par recherche de l’agrément de Allah « . Cette ‘ayah est prise comme preuve de la bonne innovation, parce que son sens est l’éloge de ceux qui faisaient partie de la communauté de ^Iça et qui étaient musulmans, croyants et qui le suivaient ^alayhi s-salam dans la croyance et la foi en l’unicité de Allah. Allah ta^ala a fait leur éloge parce qu’ils étaient des gens de bienfaisance et de miséricorde et parce qu’ils ont innové le monachisme. Le monachisme, c’est le fait de se détacher des passions au point d’abandonner le mariage par désir de se consacrer exclusivement à l’adoration. Ainsi, le sens de [مَا كَتَبْنَاهَا عَلَيْهِمْ]
ce qui signifie : « Nous ne le leur avons pas ordonné » est : Nous ne l’avons pas rendu obligatoire sur eux, mais ce sont eux qui ont voulu rechercher l’agrément de Allah. Allah ta^ala a fait leur éloge pour ce qu’ils ont innové de ce qui ne leur a pas été énoncé dans Al-‘Injil, et que ^Iça Al-Macih ne leur a pas dit par un énoncé de sa part. Seulement, ce sont eux qui ont voulu accomplir des adorations à Allah ta^ala à l’extrême et s’y consacrer exclusivement en abandonnant la préoccupation du mariage et de la charge de l’épouse et de la famille. Ils construisaient ainsi des ermitages qui sont des maisonnettes en argile ou autre que cela en des lieux écartés des villes pour se consacrer exclusivement à l’adoration.
- L’instauration de Khoubayb de deux rak^ah avant d’être exécuté :
Parmi elles, il y a l’innovation de la prière de deux rak^ah faite par Khoubayb Ibnou ^Adiyy lorsqu’il a été emmené pour être tué, comme cela a été rapporté dans le Sahih de Al-Boukhariyy [17], il y figure textuellement ce qui signifie : « ‘Ibrahim Ibnou Mouça m’a rapporté que Hicham Ibnou Youçouf nous a rapporté que Abou Hourayrah, que Allah l’agrée, a dit : le Prophète r a envoyé un groupe pour collecter des informations et a désigné ^Asim Ibnou Thabit – qui est le grand père de ^Asim Ibnou ^Oumar Ibni l-Khattab – comme chef de groupe. Ils se sont alors mis en route jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à mi-chemin entre ^Ousfan et La Mecque, il se trouva quelqu’un pour les dénoncer à l’une des tribus de Houdhayl appelée Banou Lahyan. Ceux-là les ont alors suivis avec presque cent archers. Ils ont donc suivi leurs traces jusqu’à ce qu’ils parviennent à un endroit où ils avaient fait halte, ils y trouvèrent des noyaux de dattes dont ils s’étaient approvisionnés à Médine. Ils ont dit : ce sont des dattes de Yathrib – Médine –. Ils ont alors suivi leurs traces jusqu’à ce qu’ils les rattrapèrent. Quand ^Asim et ses compagnons s’arrêtèrent, ils se réfugièrent dans un abri. Les autres les encerclèrent et dirent : vous avez l’assurance et le pacte que si vous vous rendez à nous, nous ne tuerons aucun homme parmi vous. ^Asim a dit alors : « quant à moi, je ne me mets pas sous la garantie d’un mécréant. Ô Allah, informe Ton Prophète de notre situation ». Ils les combattirent jusqu’à ce qu’ils tuèrent ^Asim avec un groupe de sept personnes de leurs flèches. Khoubayb et Zayd et un autre homme restèrent vivants et ils leur donnèrent l’assurance et le pacte. Lorsqu’ils leur donnèrent l’assurance et le pacte, ils se rendirent à eux. Lorsqu’ils les maîtrisèrent, ils défirent les cordes de leurs arcs et les ligotèrent avec. Alors, le troisième homme qui était avec eux deux a dit : c’est le début de la trahison et il refusa de les suivre, alors ils le tirèrent et essayèrent de le forcer à les suivre, mais il ne le fit pas. Alors, ils le tuèrent et prirent Khoubayb et Zayd qu’ils vendirent à La Mecque. Khoubayb a été acheté par Banou l-Harith Ibnou ^Amir Ibnou Nawfal. Khoubayb était celui qui avait tué leur père Al-Harith lors de la bataille de Badr. Ainsi, il resta prisonnier chez eux jusqu’à ce qu’ils se soient mis d’accord pour le tuer. C’est alors qu’il demanda à l’une des filles de Al-Harith qu’elle lui prête un rasoir pour se raser, ce qu’elle fit. Elle a dit : « J’ai manqué d’attention pour un de mes enfants qui s’est avancé vers lui et quand il arriva auprès de lui, il l’a posé sur sa cuisse. Quand je le vis ainsi, j’eus une frayeur dont il s’aperçut alors qu’il avait le rasoir à la main ». Alors, il dit : « Crains-tu que je le tue ? Je ne l’aurais pas fait, si Allah le veut ». Elle disait aussi : « Je n’ai jamais vu de prisonnier meilleur que Khoubayb, je l’ai bien vu manger des grappes de raisins fraîchement cueillies alors que ce jour-là, il n’y avait pas un seul fruit à La Mecque et de plus, il était bien enchaîné. Certes, ce n’était qu’une subsistance dont Allah l’a pourvu ». Ils l’amenèrent ensuite hors du Haram – l’enceinte sacrée – pour le tuer, il a dit : « Laissez-moi faire une prière de deux rak^ah », après quoi, il se dirigea vers eux et dit : « Si vous n’aviez pensé que mon état était motivé par la crainte de la mort, j’aurais encore ajouté ». Il fut donc le premier qui instaura les deux rak^ah avant d’être exécuté. Puis, il a dit : « Allahoumma hsihim ^adada« . Puis, il a dit :
Je ne me fais pas de souci du moment que je suis tué, musulman
sur la manière dont ma mort a lieu, pour rechercher de Allah l’agrément
Tout cela pour l’amour de Allah et pour Son agrément et s’Il le veut,
Il bénira des lambeaux de chair éparpillés
^Ouqbah Ibnou l-Harith vint ensuite à lui et le tua. Les mécréants de Qouraych envoyèrent pour qu’on leur amène une partie du corps de ^Asim afin de le reconnaître, ce même ^Asim qui avait tué un de leurs chefs dans la bataille de Badr, Allah a alors envoyé sur son corps une nuée de guêpes qui l’a protégé de leurs envoyés, ils ne purent rien prendre de son corps« . Fin de citation.
- La notation des points des lettres dans les livres du Qour’an faite par Yahya Ibnou Ya^mar :
Parmi les bonnes innovations, il y a la notation des points des lettres des livres du Qour’an. Les compagnons qui ont transcrit la révélation, dictée par le Messager écrivaient les lettres ب (b) et ت (t) et ce qui est du même genre sans les points. Puis, lorsque ^Outhman Ibnou ^Affan écrivit six exemplaires du Qour’an et en envoya aux différents horizons, à Bassora, à La Mecque et aux autres lieux, gardant un exemplaire pour lui, ces manuscrits ne comportaient pas de points. Le premier à mettre les points des lettres dans le Livre du Qour’an fut un homme parmi les successeurs des compagnons faisant partie des gens de la science, du mérite et de la piété nommé Yahya Ibnou Ya^mar. Voici ce qui a été cité textuellement dans le livre Al-Masahif de Ibnou Abi Dawoud As-Sijistaniyy [18] ce qui signifie : « ^Abdou l-Lah m’a rapporté : Mouhammad Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Makhzoumiyy m’a rapporté : ‘Ahmad Ibnou Nasr Ibnou Malik m’a rapporté : Al-Houçayn Ibnou l-Walid m’a rapporté d’après Haroun Ibnou Mouça qu’il a dit : Le premier qui a mis les points des lettres dans le Livre du Qour’an, ce fut Yahya Ibnou Ya^mar« . Fin de citation. Avant cela, il était écrit sans les points. Lorsqu’il fit cela, les savants ne le lui ont pas reproché bien que le Messager de Allah n’ait pas ordonné de mettre les points des lettres dans le Livre du Qour’an.
- L’ajout d’un deuxième appel à la prière (‘adhan) par ^Outhman Ibnou ^Affan le jour du vendredi :
C’est une innovation de ^Outhman que Allah l’agrée. Ainsi, il a été rapporté dans le Sahih de Al-Boukhariyy [19] textuellement ce qui signifie : « ‘Adam m’a rapporté et il a dit : Ibnou Abi Dhi’b m’a rapporté d’après Az–Zouhriyy d’après As-Sa‘ib Ibnou Yazid qu’il a dit : « L’appel du vendredi commençait quand l’imam s’asseyait sur le minbar, à l’époque du Prophète r, de Abou Bakr et de ^Oumar que Allah les agrée. A l’époque de ^Outhman, que Allah l’agrée, alors que les gens sont devenus plus nombreux, il a ajouté le troisième appel à Az–Zawra‘ [20] « .
Dans le commentaire de ce hadith dans Fat-hou l-Bari [21] : « D’après lui aussi, dans la version de Waki^ d’après Ibnou Abi Dhi’b : L’appel à la prière à l’époque du Messager de Allah r, de Abou Bakr et de ^Oumar était de deux appels le vendredi. Ibnou Khouzaymah a dit : par sa parole : « deux appels », il vise l’appel à la prière (al-‘adhan) et l’annonce de la prière (al-‘iqamah), c’est-à-dire en faisant prévaloir l’appel ou parce qu’ils ont comme point commun l’appel à la prière comme cela a déjà été expliqué dans les chapitres de l’appel (al-‘adhan)« . Fin de citation.
Puis il dit : « Sa parole : « Il a ajouté le troisième appel ». Dans la version de Waki^ d’après Ibnou Abi Dhi’b : ^Outhman a ordonné de faire le premier appel, et de même dans une version de Ach-Chafi^iyy, et il n’y a pas de contradiction entre ces deux versions car du fait qu’il a été ajouté, il est appelé troisième appel, et en considérant qu’il a été fait avant l’appel et l’annonce, il est appelé premier appel. Aussi, les termes de la version de ^Aqil qui va être citée après deux chapitres est : « Que l’appel par le deuxième appel a été ordonné par ^Outhman ». Le fait de l’appeler un deuxième appel est eu égard à l’appel proprement dit, et non à l’annonce« . Fin de citation
- La commémoration de la naissance du Prophète r (Mawlid) :
On en parlera si Allah ta^ala le veut dans un chapitre à part.
- Dire à haute voix l’invocation en faveur du Prophète après l’appel à la prière :
Parmi les bonnes innovations, il y a dire à haute voix l’invocation en faveur du Prophète r (as–salatou ^ala n-Nabiyy r) après l’appel à la prière (al-‘adhan) et cela a été instauré après l’an sept cents de l’hégire. Avant cela, ils ne la disaient pas à haute voix.
- L’écriture de (r) lors de l’écriture du nom du Prophète :
Parmi les innovations, il y a l’écriture de r lors de l’écriture de son nom. Le Prophète n’a pas fait écrire cela dans ses lettres qu’il a envoyées aux rois et chefs mais il faisait écrire ce qui signifie : de Mouhammad le Messager de Allah à Untel.
- Les voies (tariqah) que certains vertueux ont innovées :
Parmi les innovations, il y a les tariqah – les voies soufis – que certains saints vertueux de Allah ont instaurées telles que la tariqah Rifa^iyyah et la tariqah Qadiriyyah. Elles sont environ quarante. Ces tariqah prennent toutes racine dans de bonnes innovations, mais certains de ceux qui s’en réclament se sont singularisés et ceci ne porte en rien atteinte aux fondements de ces tariqah.
L’innovation d’égarement :
Elle est de deux sortes : l’innovation relative aux fondements de la religion et l’innovation relative à ses branches.
L’innovation relative aux fondements de la religion : c’est celle qui a été innovée dans les sujets de la croyances et elle est contraire à la croyance que suivaient les compagnons. Il y a plusieurs exemples de ces mauvaises innovations. Parmi eux, il y a :
- L’innovation de la négation de la prédestination :
Le premier qui l’a mise à jour, c’est Ma^bad Al-Jouhaniyy [22] à Bassora, comme cela a été cité dans le Sahih de Mouslim [23] rapporté par Yahya Ibnou Ya^mar. Ceux qui adhèrent à cette mauvaise croyance sont nommés les qadariyyah [24]. Ils prétendent que Allah n’a pas prédestiné les actes volontaires de Ses esclaves et qu’Il ne les crée pas, mais que ces actes auraient lieu par la création des esclaves, selon leur prétention. Il se trouve parmi eux des gens qui prétendent que Allah a prédestiné le bien et n’a pas prédestiné le mal. Ils prétendent par ailleurs que celui qui commet un grand péché n’est ni croyant ni mécréant mais qu’il est dans une situation intermédiaire dite entre les deux situations. De plus, ils renient l’intercession en faveur des désobéissants ainsi que la vision que les croyants auront de Allah ta^ala au paradis [25].
- L’innovation du groupe dévié al-jahmiyyah :
Ils sont appelés aussi les jabriyyah, les disciples de Jahm Ibnou Safwan [26]. Ils disent : (l’esclave de Allah est contraint dans ses actes, il n’a pas de choix mais il est plutôt comme la plume suspendue dans l’air, que l’air prend à droite et à gauche).
- L’innovation du groupe dévié al-khawarij [27] :
Ceux qui sont sortis du rang des gens obéissants à notre maître ^Aliyy. Ils déclarent mécréant celui qui commet le grand péché.
- L’innovation du dire selon lequel des choses qui entrent en existence n’ont pas de début, et ceci est contraire au raisonnement sain et aux textes clairs transmis
Quant à l’innovation relative aux branches, c’est celle qui suit la classification citée précédemment.
Parmi les mauvaises innovations pratiques :
- L’écriture de « ص » (sad) lors de l’écriture du nom du Prophète r et pire et plus laid encore, l’écriture de « صلعم » (sal^am).
- Parmi les mauvaises innovations, il y a le fait que certaines gens prétendent faire l’ablution sèche (tayammoum) avec les tapis et les coussins sur lesquels il n’y a pas de poussière de terre.
- Il y a aussi la déformation du nom de Allah, chose provenant de la part d’un grand nombre de ceux qui se réclament des tariqah. Certains d’entre eux commencent par dire « Allah » puis par la suite, soit ils amputent le ‘alif qui se trouve entre le « ل » (lam) et le « هـ » (ha‘) et ils la prononcent alors sans la prolongation de la voyelle ou alors, ils amputent le « هـ » (ha‘) lui-même ; ils disent alors « Alla« . Et certains d’entre eux disent « Ah » qui est un mot utilisé pour exprimer la souffrance et la plainte, chose reconnue par l’Unanimité des savants linguistes. Al-Khalil Ibnou ‘Ahmad a dit : « Il n’est pas permis d’amputer le ‘alif de la prolongation du mot Allah « .
Si quelqu’un dit : le Messager de Allah r n’a-t-il pas dit dans ce qu’a rapporté Abou Dawoud d’après de Al-^Irbad Ibnou Sariyah [28] :
((وَإِيَّاكُمْ وَمُحْدَثَاتِ الأُمُورِ فَإِنَّ كُلَّ مُحْدَثَةٍ بِدْعَةٌ وَكُلَّ بِدْعَةٍ ضَلاَلَةٌ))
ce qui signifie : « …Certes, toute innovation [qui est contraire à la Loi] est un égarement ».
La réponse à donner est la suivante : que l’expression de ce hadith est générale (^amm) et son sens est restreint (makhsous) en raison de la preuve déduite des hadith cités précédemment. On dit alors : ce que le Prophète r a visé par ce hadith est ce qui est innové et qui est contraire au Livre, à la Sounnah, à l’Unanimité ou aux textes des prédécesseurs.
Dans le commentaire fait par An-Nawawiyy du Sahih de Mouslim [29] on trouve textuellement ce qui signifie : « Sa parole r : ((وَكُلَّ بِدْعَةٍ ضَلاَلَةٌ)) ce qui signifie : « Et toute innovation [qui est contraire à la Loi] est un égarement« , est une expression générale dont le sens est restreint et ce qui est visé par là, c’est la majorité des innovations« . Fin de citation. Puis, il a classé l’innovation en cinq catégories : obligatoire, recommandée, illicite, déconseillée et permise. Il a dit aussi : « Ainsi, si l’on a pris connaissance de ce que je viens de citer, on saura que le hadith en question fait partie de ceux qui comprennent une expression générale dont le sens est restreint. Il en est de même pour tout autre hadith semblable qui a été rapporté du Prophète r. Ce qui confirme ce que l’on vient de dire, c’est la parole de ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, à propos de la prière de at-tarawih : « quelle bonne innovation que celle-ci ». Il n’empêche pas que le hadith fait partie de ceux qui comprennent une expression générale dont le sens est restreint, sa parole r : ((كُلَّ بِدْعَةٍ)) ce qui signifie : « toute innovation [contraire à la Loi] », mais ce hadith est sujet à la restriction malgré cela, tout comme Sa parole ta^ala : [تُدَمِّرُ كُلَّ شَىْءٍ][Al-‘Ahqaf / 25] ce qui signifie : « Il – le vent que Allah a envoyé pour châtier le peuple du prophète Houd – anéantit tout [ce que Allah a prédestiné qu’Il anéantisse de leurs habitations et autres] ». Fin de citation.
Ce classement a été cité par le Chaykh ^Abdou l-^Aziz Ibnou ^Abdi s-Salam à la fin du livre Al-Qawa^id avec un peu plus de détail. Al-Hafidh l’a rapporté de lui dans son livre Fat-hou l-Bari sans le contester.
[1] Sahih de Al-Boukhariyy : livre du pacte : chapitre s’ils se sont mis d’accord pour un pacte d’injustice, le pacte est rejeté.
[2] Sahih de Mouslim : livre des Al-‘Aqdiyah : chapitre de la non-tenue des jugements non valables et le rejet des nouveautés parmi les choses.
[3] Sahih de Mouslim : même chapitre et livre que précédemment.
[4] Sahih de Mouslim : livre de Az–Zakat : chapitre l’incitation à l’aumône, même d’une moitié d’une datte ou d’une bonne parole et qu’elle est un écran contre le feu. Ainsi que livre de la science : chapitre celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition ou une mauvaise tradition et qui appelle à la bonne guidée ou à l’égarement.
[5] Sahih de Al-Boukhariyy : livre de la prière surérogatoire des nuits de Ramadan : chapitre le mérite de celui qui accomplit des actes d’adoration de nuit, durant Ramadan.
[6] Fat-hou l-Bari 4/252.
[7] Sahih de Al- Boukhariyy: livre de la prière surérogatoire des nuits de Ramadan : chapitre le mérite de celui qui accomplit des actes d’adoration de nuit, durant Ramadan.
[8] Al-Mouwatta’ : livre de la prière : chapitre le début de l’accomplissement des actes d’adoration durant les nuits de Ramadan 1/217.
[9] Fat-hou l-Bari, 4/253.
[10] Sahih de Al-Boukhariyy : livre de l’appel à la prière : chapitre du mérite de la parole Allahoumma rabbana laka l-hamd.
[11] Fat-hou l-Bari, 2/287.
[12] Sounan de Abou Dawoud : livre de la prière : chapitre du tachahhoud.
[13] Tahdhibou l-‘Asma‘i wa l-Loughat, matière (ba, da ^a), 3/22.
[14] Raddou l-Mouhtar ^ala d-Dourri l-Moukhtar, 1/376.
[15] Rawdatou t–Talibin, 1/253-254.
[16] Manaqibou ch-Chafi^iyy, 1/469.
[17] Sahih de Al-Boukhariyy : livre des conquêtes : chapitre la conquête Ar-Raji^, Ra^l, Dhakwan et Bi’r Ma^ounah et le hadith de ^Adal, Al-Qarrah, ^Asim Ibnou Thabit, Khoubayb et ses compagnons.
[18] Kitabou l-Masahif, page 141.
[19] Sahih de Al-Boukhariyy : livre de la prière de vendredi : chapitre l’appel à la prière le jour de vendredi.
[20] Az–Zawra‘ : un endroit à Médine, d’après Mou^jamou l-Bouldan 3/156.
[21] Fat-hou l-Bari, 2/393.
[22] Revois ce qui a été dit à son sujet : At-Tabsirou fi d-Din, page 21 et Tahdhibou t-Tahdhib, 10/225.
[23] Sahih de Mouslim : début du livre de la foi.
[24] Revois à propos de leurs dires et de leurs groupes : At-Tabsirou fi d-Din, page 63 et 95.
[25] Les musulmans ont pour croyance que les croyants au paradis verront Allah ta^ala par leurs propres yeux de l’au-delà, sans comment, sans qu’Il soit ta^ala dans un endroit ou dans une direction, c’est-à-dire pas comme sont vues les créatures.
[26] Revois à son propos et à propos de son groupe : At-Tabsirou fi d-Din, page 107, Al-Farqou Bayna l-Firaq, page 211 et Al-Milalou wa n-Nihal, 1/86.
[27] Revois à propos de leurs dires et de leurs groupes : At-Tabsirou fi d-Din, page 45 et 62.
[28] Sounan de Abou Dawoud : livre de la Sounnah : chapitre s’attacher à la Sounnah.
[29] Commentaire du Sahih de Mouslim : livre de la prière du vendredi, 6/154.