Croyance : Exemples de paroles de mécréance
Exposé des sortes de mécréance
Sache, mon frère en Islam, qu’il existe des croyances, des actes et des paroles qui annulent les deux témoignages et font tomber dans la mécréance. En effet, la mécréance est de trois sortes : par les croyances, les actes et les paroles, tout ceci par accord des savants des quatre écoles (madh-hab) tels que An-Nawawiyy et Ibnou l-Mouqri parmi les chaféites, Ibnou ^Abidin parmi les hanéfites, Al-Bouhoutiyy parmi les hanbalites, le Chaykh Mouhammad ^Il-laych parmi les malékites et d’autres qu’eux. Que celui qui veut, vérifie. C’est le cas pour d’autres savants que ceux des quatre écoles, parmi les Moujtahid du passé, comme Al-‘Awza^iyy. Il était Moujtahid et avait une école (madh-hab) qui fut suivie dans le passé mais par la suite ses disciples ont fini par disparaître.
La mécréance par les croyances : elle a lieu dans le cœur. C’est par exemple renier un des attributs de Allah ta^ala qui est obligatoirement Sien par unanimité, comme Son existence, le fait qu’Il soit tout puissant ou qu’Il entende et qu’Il voit ou croire qu’Il est (nour) dans le sens de « luminosité » ou qu’Il est une âme.
Le Chaykh ^Abdou l-Ghaniyy An-Naboulsiyy a dit : « Si quelqu’un croit que Allah est un corps qui remplit les cieux et la terre ou qu’Il est un corps assis au-dessus du Trône, c‘est un mécréant même s’il prétend qu’il est musulman ».
La mécréance par les actes : c’est par exemple jeter le Livre du Qour’an (Al-Mous–haf) dans un endroit répugnant. Ibnou ^Abidin a dit : « Même s’il ne voulait pas se montrer irrespectueux car son geste est une preuve d’irrespect ». Il en est de même pour celui qui jette dans les ordures des pages de science de la religion, ou toute feuille sur laquelle il y a un des noms de Allah ta^ala, alors qu’il sait que ce nom s’y trouve. Si quelqu’un porte sur lui un signe de mécréance sans nécessité avec l’intention de rechercher des bénédictions ou s’il le glorifie ou le rend licite, il devient apostat.
La mécréance par la parole [1] : par exemple si quelqu’un blasphème contre Allah ta^ala en disant –que Allah nous préserve de la mécréance– : (‘oukht rabbik) ce qui signifie : (sœur de ton Seigneur) ou (‘ibn Allah) ce qui signifie : (fils de Dieu), la mécréance a eu lieu dans ces cas-là, même s’il n’a pas cru que Allah a une sœur ou un fils.
Si un musulman appelle un autre musulman en lui disant : (eh mécréant) sans ta’wil [2], celui qui a dit cela est devenu mécréant car il a nommé l’Islam mécréance. Apostasie aussi celui qui dit à un musulman : (mécréant) ou toute expression similaire, avec l’intention de dire qu’il n’est pas musulman, sauf s’il visait par là qu’il ressemble aux mécréants ; dans ce cas, il ne devient pas mécréant.
Si un homme dit à son épouse : (je t’aime plus que Allah) il devient mécréant ; ou (je t’adore) s’il comprenait de cette dernière expression l’adoration qui est réservée à Allah ta^ala.
Si une personne dit à une d’autre : (Allahou yadhlimouka kama dhalamtani), elle devient mécréante car elle attribue l’injustice à Allah ta^ala, à moins qu’elle ait compris que la signification de (yadhlimouka kama dhalamtani) était (qu’Il te châtie), alors nous ne la jugeons pas mécréante mais nous lui interdisons de le dire.
Si quelqu’un dit à quelqu’un d’autre –et c’est par Allah que l’on recherche la protection– : (yal^an rabbak) ce qui signifie : (que soit maudit ton Seigneur), il devient mécréant.
De même, devient mécréant celui qui dit à un musulman : (yal^an dinak). Certains savants ont dit : « S’il a visé son comportement, il ne devient pas mécréant ». Certains hanafiyy ont dit qu’il devient mécréant s’il l’a dit en visant ni l’un ni l’autre, ni son comportement ni la religion musulmane.
De même, devient mécréant celui qui dit à quelqu’un d’autre : (foulan zaha l-Lah) ce qui signifie : (Untel a bousculé mon Seigneur) car en cela il y a une attribution du mouvement et de l’endroit à Allah.
De même, devient mécréant celui qui dit : (qadda l-Lah) en visant que la chose dont il parle est équivalente à Allah.
De même, devient mécréant celui qui attribue à Allah un organe, comme la parole de certains impudents : (ya zoubba l-Lah) ce qui signifie : (toi pénis de Allah) [3]. Cette expression est explicite dans la mécréance : elle n’admet aucune interprétation.
De même, devient mécréant celui qui dit : (‘ana rabbou man ^amila kadha) ce qui signifie : (je suis le dieu de ceux qui font cela).
De même, devient mécréant celui qui dit –que Allah nous en préserve– : (khawat rabbi) ce qui signifie : (il a rendu fou mon Seigneur).
Devient aussi mécréant celui qui dit à un mécréant : (Allahou youkrimouka) en visant que Allah l’agrée, car Allah ta^ala n’agrée pas les mécréants, tout comme Allah ta^ala dit :
[فَإِنْ تَوَلَّوْا فَإِنَّ اللهَ لاَ يُحِبُّ الْكَافِرِينَ] [4]
(fa’in tawallaw fa’inna l-Laha la youhibbou l-kafirin) ce qui signifie : « S’ils se détournent de la croyance, certes Allah n’agrée pas les mécréants ».
De même, devient mécréant celui qui dit à un mécréant : (Allahou yaghfir laka) ce qui signifie : (que Allah te pardonne) en visant que Allah ta^ala lui pardonne bien qu’il reste sur sa mécréance jusqu’à la mort [5].
De même, devient mécréant celui qui dit à propos de celui qui est mort mécréant : (Allahou yarhamouhou) ce qui signifie : (Que Allah lui fasse miséricorde) en visant qu’Il lui accorde la paix dans sa tombe, et non en visant le fait qu’Il lui diminue le supplice de la tombe, sans demander qu’il ressente un repos. S’il dit cette parole en visant cela, il se peut qu’il ne soit pas sorti de l’Islam.
Devient mécréant celui qui utilise le mot création (khalq) en l’attribuant aux gens dans un contexte où il a le sens de faire exister à partir du néant. Par exemple, si une quelqu’un dit : (‘oukhlouq li kadha kama khalaqaka l-Lah) ce qui signifie : (crée moi cela comme Allah t’a créé).
De même, devient mécréant celui qui insulte ^Azra‘il ^alayhi s-salam, comme l’a dit Ibnou Farhoun dans son livre Tabsiratou l-Houkkam, ou quiconque parmi les anges ^alayhimou s-salam.
De même, celui qui dit : (‘Ana ^ayifou l-Lah) ce qui signifie : (je déteste Allah).
Aussi, devient mécréant celui qui dit : (Allahou la yatahammalou foulan) ce qui signifie : (Allah ne supporte pas Untel) s’il comprend par là l’incapacité ou que Allah est contrarié de ce qu’il fait. Cependant, s’il comprend par cette parole que Allah ne l’agrée pas, il ne devient pas mécréant.
Devient mécréant celui qui dit : (yal^an sama‘a rabbik) ce qui signifie : (que soit maudit le ciel de ton Seigneur) car ainsi, il se moque de Allah ta^ala.
De même, celui qui nomme les temples religieux des mécréants (maisons de Dieu) sort de l’Islam. Quant à Sa parole ta^ala :
[وَلَوْلاَ دَفْعُ اللهِ النَّاسَ بَعْضَهُمْ بِبَعْضٍ لَهُدِّمَتْ صَوَامِعُ وَبِيَعٌ وَصَلَوَاتٌ وَمَسَاجِد] [6]
(walawla daf^ou l-Lahi n-naça ba^dahoum biba^din lahouddimat sawami^oun wa biya^oun wa salawatoun wa maçajid) qui signifie : « Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, des sawami^ seraient démolies, ainsi que des biya^, des salawat et des maçajid », ce qui est visé ici, ce sont les lieux d’adoration des gens de la communauté de Mouça et des gens de la communauté de ^Iça lorsqu’ils suivaient l’Islam car ces lieux ont le statut des mosquées de la communauté de Mouhammad. En effet, ils ont tous été bâtis pour la croyance en l’unicité de Allah, pour Sa glorification et non pour l’adoration d’autre que Allah. Allah a appelé la mosquée Al-‘Aqsa « masjid » alors qu’elle n’a pas été bâtie par la communauté de Mouhammad. Que tout un chacun craigne Allah et qu’il se garde d’appeler (maisons de Allah) ce qui a été construit pour pratiquer le chirk [7] et celui qui ne craint pas Allah subira les conséquences de ce qu’il dit.
De même, sort de l’Islam celui qui dit une parole mensongère en sachant que c’est un mensonge et dit : (Allah est témoin de ce que je dis) en visant que (Allah sait qu’il en est tel que je l’ai dit), ceci parce qu’il a attribué l’ignorance à Allah ta^ala car Allah sait qu’il est menteur et non pas véridique.
De même, il n’est pas permis de dire : (koullou wahid ^ala dinih Allahou you^inouh) [8] avec l’intention de faire une invocation en faveur des deux groupes.
Devient mécréant celui qui dit, en généralisant : (le chien est meilleur que le fils de ‘Adam).
De même, devient mécréant celui qui dit : (al-^arab jarab) ce qui signifie : (les arabes sont comme de la gale) ; mais s’il a spécifié son propos par une expression ou un contexte, comme s’il dit : (aujourd’hui les arabes sont corrompus), puis qu’il ajoute : (les arabes sont comme de la gale), il ne devient pas mécréant.
Devient mécréant celui qui nomme satan par بسم الله الرحمن الرحيم (Bismi l-Lahi r-Rahmani r-Rahim) mais pas s’il a récité la Basmalah avec l’intention de rechercher par Allah la protection contre son mal.
Il y a certains poètes et écrivains qui écrivent des paroles de mécréance, comme l’un d’eux qui a écrit : (haraba l-Lah) ce qui signifie : (Allah s’est enfui). Ceci constitue de l’irrespect à l’égard de Allah et fait tomber dans la mécréance. Al-Qadi ^Iyad a dit dans son livre Ach-Chifa : « Pas de divergence que celui qui insulte Allah ta^ala parmi les musulmans est devenu mécréant » Fin de citation.
Aussi, devient mécréant celui qui approuve ces dires et expressions, et combien elles se sont multipliées dans de nombreux écrits.
De même, le manque de respect à l’égard du Messager r, en se moquant de l’une de ses attitudes ou de l’un de ses actes est de la mécréance [9].
Se moquer de ce qui fait partie du Qour’an honoré, des prophètes ^alayhimou s-salam, des emblèmes de l’Islam, ou de l’une des lois de Allah ta^ala constitue une mécréance de façon absolue.
De même, l’approbation de la mécréance d’autrui est de la mécréance. En effet, se satisfaire de la mécréance est une mécréance.
Ne devient pas mécréant celui qui rapporte [10] de quelqu’un d’autre une mécréance que l’autre a commise, sans l’approuver, en disant : « Untel a dit telle chose ». Et s’il retarde l’expression marquant le discours rapporté à la fin de la phrase énoncée, il est une condition d’avoir eu l’intention de citer la formule du discours rapporté en la retardant dès le début.
[1] Ce qui va être cité pour présenter la mécréance par la parole, que ce soit l’énumération de paroles en dialecte ou d’autres paroles de mécréance, est dû à un grand besoin : ce sont des paroles de plus en plus utilisées chez les impudents (safih). Il est donc un devoir pour nous de les mettre en garde contre ces paroles en les citant.
[2] C’est-à-dire sans qu’il y ait une cause sur laquelle il se soit basé en ayant pensé qu’elle fait sortir de l’Islam alors qu’en réalité elle ne fait pas sortir de l’Islam et en ayant à ce sujet une sorte de confusion.
[3] Cette parole est dite par certains villageois syriens et libanais. L’un d’eux a même dit lorsqu’on lui a interdit de le dire : « Mais enfin n’a-t-Il pas cet organe ?! »
[4] [souratou ‘Ali ^Imran / 32]
[5] Mais s’il vise que Allah lui pardonne par l’entrée en Islam alors dans ce cas il ne sort pas de l’Islam.
[6] [souratou l-Hajj / 40]
[7] Le chirk : c’est l’adoration d’autre que Allah
[8] Il devient mécréant s’il a eu l’intention de faire l’invocation que Allah aide les mécréants à faire la mécréance. Mais s’il a simplement voulu soumettre une information à ce sujet, il ne devient pas mécréant. En effet, c’est Allah Qui guide qui Il veut et Qui égare qui Il veut. Personne ne Lui demande pourquoi Il fait ceci ou cela, car Il n’est sujet à l’ordre de personne et Il n’a personne pour Lui interdire quoi que ce soit.
[9] Comme par exemple celui qui se moque du port du turban (^amamah) et du port de la tunique longue (qamis) c’est-à-dire ce qui est connu actuellement sous le nom de jallabiyyah, ou qui se moque de l’utilisation du frottoir à dents (siwak) tout en sachant que le Prophète r le pratiquait et qu’il en disait du bien, ou qui se moque des veilles de nuit en prières ou du jeûne surérogatoire ou d’autre chose parmi celles que le Prophète r a pratiquées et dont il a fait l’éloge, comme de se laisser pousser la barbe.
[10] Par écrit ou oralement.