Ad-Daliil al-qawiim : 73 74 75 76 D’autres preuves
73 Une autre preuve
Comme il a été confirmé qu’Il a une volonté qui concerne tout être qui entre en existence, parce ce que ce qui valide rationnellement le rapport de Sa volonté, le fait que Sa volonté se rapporte au bien et à l’obéissance, c’est la possibilité rationnelle.
Or cette possibilité est commune entre tous. Il est donc obligatoire que Sa volonté concerne la totalité de ce qui est possible selon la raison et c’est ce qu’il fallait démontrer.
Il est confirmé également qu’Il est le créateur de leur totalité, le bien et le mal.
74 Une autre preuve rationnelle
Si l’acte de l’esclave était par sa création, il aurait connaissance de son acte de manière parfaite, nécessairement du fait qu’il a un choix, et que le choix dérive de la science. Or, il n’englobe pas par sa connaissance son acte.
De plus, chaque être doté de raison constate qu’il ne sait pas lorsqu’il parcourt une distance précise, quelles sont les parties de cette distance, les moments et les mouvements depuis son point de départ, jusqu’à son point d’arrivée.
Pareillement, lorsqu’il prononce des lettres, chaque être doté de raison sait de lui-même qu’il ne connaît pas quels sont les organes et muscles qui en sont les instruments, ainsi que les emplacements à partir duquel il y a les articulations ou encore les manières et les endroits de ces articulations.
Tout cela est clair et apparent. C’est ainsi que l’a décrété Al-Matouridiyy.
75 Une autre preuve
Si l’acte de l’esclave était créé par sa propre puissance alors cela aurait impliqué l’existence de deux êtres créateurs réellement pour une même chose, ce qui est impossible en raison de ce qu’implique l’existence de deux opposés, à savoir le besoin [de la chose pour exister] et le non-besoin [de cette même chose pour exister puisqu’elle aurait été déjà créée].
L’indication de cette implication est que l’acte de l’esclave fait partie de ce qui est possible selon la raison. Or tout ce qui est possible selon la raison a lieu nécessairement par la puissance de Dieu, puisque c’est ce caractère possible qui implique le besoin de qui fait prévaloir l’occurrence de l’une précisément des deux possibilités. Ainsi, ce qui n’existe pas des deux ne se réalise pas. Or le caractère possible est une chose concevable et commune dans toutes les choses possibles selon la raison.
Cela implique que tout ce qui est possible selon la raison a besoin de Celui qui fait prévaloir l’occurrence de l’une précisément des deux possibilités. Sinon cela impliquerait le fait qu’une chose prévale sans qui la fasse prévaloir.
Ce n’est pas possible non plus que celui qui fasse prévaloir soit lui-même possible selon la raison. Cela impliquerait en effet l’enchaînement prétendument sans début. Celui dont l’existence est obligatoire est donc le Créateur de ce monde et toutes les choses possibles selon la raison ont lieu par Sa puissance.
Si l’acte de l’esclave avait lieu par sa propre puissance [indépendamment de la création de Dieu], cela impliquerait l’occurrence de ce qui est impossible selon la raison, précédemment cité, et c’est ce qu’il fallait démontrer.
76 Une autre preuve
S’il était possible que l’acte de l’esclave a lieu en étant créé par sa puissance alors il aurait été possible que les substances et la totalité des caractéristiques des substances soient par sa puissance à lui également.
Or ceci est infondé par accord entre nous et les mou^tazilites. Dire que l’acte de l’esclave est par la création de l’esclave est infondé, est impossible. L’indication de cette implication est que ce qui rend l’acte de l’esclave dans le besoin de qui fasse prévaloir, c’est son caractère de possible rationnel, le fait qu’il soit entré en existence. Or tous deux sont une même réalité qui se retrouve dans toutes les choses possibles selon la raison.
Dès lors que cela est clair, cela implique de dire que les actes des esclaves s’appuient pour leur entrée en existence sur la puissance de Dieu. Et cela n’exclut pas le fait que ces mêmes actes soient dans la capacité des esclaves, dans le sens qu’il les acquiert.
C’est bien Allah qui a créé la capacité dans l’esclave, cette capacité qui entre en existence ainsi que tout ce qu’il fait, tout comme sa volonté et ses mouvements. Ainsi par exemple, le mouvement est une création de Allah et une acquisition de l’esclave.
Si le mou^tazilite dit : « Cela est une contrainte qui contredit la responsabilisation [de l’esclave] », nous disons « Cela n’est pas une contrainte pure ; l’esclave perçoit évidemment la différence entre le mouvement qui est par sa capacité et les tremblements qui sont en dehors de sa capacité. De plus, comment [l’acte de l’esclave] serait-ce une création de l’esclave alors qu’il ne connaît pas le détail des mouvements qu’il acquière et leur nombre.
Si les deux extrêmes [la contrainte et l’indépendance] sont prouvés infondés, il ne reste plus que suivre le juste milieu, et de se résigner dans la croyance au fait qu’il ne s’agit pas d’une contrainte pure ni d’une indépendance. Ceci, car l’acte de l’esclave est créé par la puissance de Dieu et il est une acquisition pour l’esclave dans un sens moindre que la création, c’est-à-dire le fait de faire exister du néant. La voie des gens de la vérité sort comme le lait pur pour ceux qui le boivent et qui coule entre la graisse et le sang».