Tafsir an-Nasafiyy : sourate al-Baqarah versets 214 à 218
verset 214 : ou alors est-ce-que vous pensez ?! : c’est quelque chose à laquelle ils sont loin de penser, c’est quelque chose à laquelle ils ne croient pas. Le contexte de ce verset est qu’auparavant, Dieu a rappelé à notre maitre MouHammad Salla -l-Laahou ^alayhi wa sallam l’état des différentes communautés : malgré les preuves que leurs prophètes leur ont apportées, certaines communautés n’avaient pas suivi les prophètes. Ce rappel est pour encourager le Prophète Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam et pour encourager les croyants à persévérer et à patienter malgré les associateurs, malgré les gens du livre qui renient et qui remettent en cause les signes que le Prophète a amenés.
Que vous alliez pouvoir entrer au paradis sans pour autant subir ?! : cela signifie : vous ne vous attendez donc pas à subir [des épreuves] ?! Est-ce que vous pensez vraiment que vous allez entrer au paradis [sans être éprouvés] ?!
Ce qu’ont subi ceux qui vous ont précédés : c’est-à-dire ce qu’ont subi les communautés antérieures qui ont subi des difficultés.
Elles ont subi la pauvreté, la maladie et la faim. Dieu éprouve qui Il veut.
Ils ont subi des tremblements : ils ont subi des épreuves qui les ont dérangés, à l’image d’un séisme. C’est un sens figuré : ils ont subi ce qui les a fait trembler, comme un tremblement de terre ou un séisme aurait fait trembler les gens. Et ce sont des épreuves.
Au point que le Messager et ceux qui étaient croyants avec lui, ont dit : quand est-ce que Dieu nous accordera la victoire ?! C’est-à-dire que tellement ils étaient éprouvés, tellement ils étaient dérangés par les épreuves qu’ils avaient subies, qu’ils ont dit : mais quand Dieu nous accordera-t-il la victoire ? Pas dans le sens de la perte de patience, mais parce que les épreuves étaient très fortes. Ils ont demandé la victoire. Ils l’ont souhaitée et ils ont trouvée longue la période de l’épreuve.
Certes la victoire accordée par Dieu est imminente. C’était une réponse à leur demande d’avoir la victoire. Et comme un homme qui s’appelle ^Amr ibn al-JaamouuH, il était âgé et avait beaucoup d’argent. Il a dit : qu’est-ce que nous dépensons de nos biens et où plaçons-nous notre argent ? La réponse est dans le verset suivant.
Verset 215 : ils t’interrogent qu’est-ce qu’ils dépensent. Dis : ce que vous dépensez comme bien, ce sera pour les parents, pour les proches parents, pour les orphelins, pour les miséreux et pour les voyageurs. Sa parole ce que vous dépensez comme biens est une réponse à ce qu’ils dépensent. Tout ce qu’ils dépensent est un bien. Il a poursuivi l’indication en montrant ce qui est plus important. Il y a deux questions : quels biens dépenser et à quel poste affecter cette dépense ? La dépense n’est récompensée que si elle est affectée au bon poste. Ici il est question des dépenses qui sont en plus des dépenses obligatoires. Il a cité les parents, les proches parents, les orphelins, les pauvres et les voyageurs. Il ne s’agit pas ici de la charge obligatoire mais du surérogatoire.
Et tout ce que vous faites comme bien, Dieu le sait. Il le récompensera. Faites le bien sans compter parce que tout ce que vous ferez comme bien, vous en serez récompensés.
Verset 216 : il vous a été prescrit le combat : c’est-à-dire le combat contre les incrédules et c’est quelque chose qui est difficile pour vous. C’est quelque chose vers laquelle l’âme ne penche pas. Le mot « kourhoun » est un substantif à l’origine mais il est valable qu’il soit utilisé dans le sens de ism maf^ouul ( le nom de celui qui subit l’action) makrouuh c’est-à-dire ce qui est détestable. Ici le sens de « détester » est « trouver difficile ». Même si c’est difficile, c’est quelque chose d’utile car c’est pour sauver les gens de la mécréance. Et la mécréance est la cause du séjour éternel en enfer. Ce combat est une miséricorde en leur faveur, c’est un bienfait car s’ils meurent sur leur mécréance, ils iront en enfer pour l’éternité. C’est pour cela que les musulmans diffusent l’Islam, par miséricorde, pour ne pas que les gens restent sur la mécréance. Si, véritablement, chacun pouvait croire ce qu’il voulait, alors Dieu n’aurait pas envoyé les prophètes. Si Dieu a envoyé les prophètes c’est bien pour que les gens les suivent. Les prophètes ont enduré beaucoup de difficultés, certains ont même été tués par des mécréants, certains ont subi des coups et des nuisances. Dieu a ordonné aux prophètes d’appeler les gens à l’islam. Ceux qui remettent l’appel à l’Islam en cause, c’est comme s’ils ont considéré que les prophètes n’ont pas de compréhension, c’est comme s’ils ont dit que les prophètes faisaient des choses inutiles. Notre maître Jésus, après qu’il a eu des gens qui l’ont suivi puis qu’il a pris une position de force, certains de ceux qui l’ont suivi ont propagé l’Islam contre les mécréants. Et Dieu dit dans le verset 146 de sourate ‘Aali ^Imraan combien les prophètes ont fourni des efforts pour amener les gens à entrer en Islam. Il n’y avait pas de voitures. Ils montaient sur des chameaux, sur des chevaux, sous la chaleur du soleil , dans le froid de l’hiver , pour aller propager l’Islam. Si Dieu ne leur avait pas ordonné de faire cela, ils seraient restés dans leurs pays.
Et il se peut que vous trouviez une chose difficile alors qu’en réalité c’est un bien pour vous. Vous trouvez la chose difficile mais il y a en cela un des deux biens : soit vous avez la victoire et vous gagnez le butin, soit vous êtes martyrs et vous gagnez le paradis.
Et il se peut que vous penchez vers une chose et peut-être que c’est un mal pour vous : peut-être que vous préférez ne pas avoir à propager l’Islam, mais ce serait un mal pour vous, parce que ça vous ramènera l’humiliation, la pauvreté, la privation du butin et de la récompense.
Et Dieu sait ce qui est un bien pour vous et vous, vous ne savez pas. Dieu est notre Créateur, Il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous.
La moralité est : empressez-vous d’accomplir ce que Dieu a ordonné de faire, même si vous le trouvez difficile. Dieu vous a ordonné de jeûner RamaDaan ; faites-le même si vous le trouvez difficile ; Dieu vous a ordonné de faire cinq prières, faites-les, même si vous trouvez cela difficile. Empressez-vous car il y a un bien en cela. Et le verset suivant a été révélé à propos d’un bataillon que le Messager d’Allaah Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam avait envoyé pour combattre les associateurs alors que le mois de rajab avait commencé. Et c’est un mois Houroum dans lequel les Arabes ne combattaient pas. Alors les gens de Qouraych ont dit : « ah ! MouHammad s’est permis de combattre durant ce mois Houroum où, habituellement, les gens n’ont rien à craindre.
Verset 217 : ils t’interrogent à propos du mois Haraam : c’est-à-dire que les mécréants t’interrogent du jugement de combattre durant ce mois-là.
Dis que le combat dans ce mois-là est un grave péché. Certains savants ont dit que ce verset a été abrogé. Le jugement de l’interdiction de combattre durant les mois Houroum a été annulé, il n’est plus interdit de combattre durant ces mois.
Le fait d’empêcher d’obéir à Dieu : c’est-à-dire d’accomplir la ^oumrah. Les associateurs avaient empêché le Messager d’Allaah et ses compagnons de venir faire la ^oumrah. C’était l’année de al-Houdaybiyah, appelée ainsi parce qu’il y a eu un pacte suite à cet évènement-là, entre le Prophète et les gens de Qouraych, pour qu’il n’y ait plus de guerres pendant un certain temps. Parce que le Prophète n’était pas venu pour faire la guerre mais pour faire la ^oumrah. Les associateurs l’en ont empêché parce que La Mecque n’était pas encore conquise à cette époque. Puis ils ont fait un pacte pendant une certaine période, suite auquel certains évènements très importants se sont produits. Et ce pacte est un armistice qui a eu lieu à Al-Houdaybiyah.
Et une mécréance en Dieu.
Et le fait d’empêcher d’aller à la mosquée Al-Haraam : ils ont empêché le Prophète d’arriver à la mosquée de La Mecque pour faire la ^oumrah.
Et le fait d’avoir amené ses habitants (de la mosquée Al-Haraam) à la quitter : et il s’agit du Messager d’Allah et de ses compagnons qui ont été amenés à émigrer vers Médine
Ces quatre points-là sont plus graves que le combat de cette brigade dans un mois Haraam. Ce que les associateurs de Qouraych ont fait là est plus grave que ce que le fait que cette brigade ait combattu durant un des mois Houroum, parce que cette brigade ne savait pas que le mois de rajab avait commencé. Alors que les autres ont agi délibérément, donc leur péché est plus grave que ce qu’a fait cette brigade par erreur.
Et la fitnah est plus grave que tuer quelqu’un c’est-à-dire que le fait de commettre la mécréance est plus grave que de tuer quelqu’un : c’est-à-dire le fait d’avoir amené le Prophète à quitter La Mecque, parce que les associateurs voulaient le tuer. Et vouloir tuer un prophète est une mécréance. Donc amener le Prophète à quitter La Mecque et vouloir le tuer est plus grave que combattre dans un mois Houroum. Ou encore la fitnah qui signifie la mécréance ou le fait d’attribuer des associés à Dieu, est plus grave que de combattre durant un mois Haraam. Ou bien le fait que les mécréants aient supplicié les musulmans comme Bilaal, Soumayyah la mère de ^Ammaar, Yaasir, son père, cela est plus grave que de combattre durant un mois Haraam.
Remarque importante : certains ignorants ont mal compris ce verset et ont dit que semer la zizanie est plus grave que tuer quelqu’un. Et croire cela est de la mécréance. Alors que tuer quelqu’un est le plus grave des péchés après la mécréance.
Et ils ne cessent de vous combattre jusqu’à vous amener à quitter votre religion. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils vous entrainent vers la mécréance. C’est une information de la persistance de l’animosité des mécréants envers les musulmans, qu’ils ne cesseront pas de combattre les musulmans dans l’objectif que ceux-ci quittent leur religion.
S’ils le pouvaient. C’est pour dire qu’ils ne le pourront pas. C’est comme si on dit à son ennemi : si tu arrives à m’attraper, alors tu m’exécuteras. Et l’autre est certain que son ennemi ne pourra pas l’attraper.
Et ceux d’entre vous qui apostasient leur (propre) religion : c’est-à-dire ceux d’entre vous qui abandonnent leur religion pour rejoindre la religion des mécréants
Et qui meurent en étant mécréants, ces gens-là perdront toutes leurs œuvres, dans le bas monde et dans l’au-delà. C’est-à-dire qu’ils vont rater à cause de leur apostasie, ce que les musulmans auront dans le bas monde, en tant que fruits de l’Islam et dans l’au-delà, comme récompenses et bonnes demeures.
Et ceux-là seront les gens de l’enfer dans lequel ils resteront éternellement. C’est l’avis de l’imam Ach-Chaafi^iyy que Dieu lui fasse miséricorde, qui a dit que si quelqu’un a apostasié mais qu’il revient à l’Islam avant de mourir : les œuvres qu’il avait faite avant son apostasie, il n’a pas à les refaire. Car ses actes, alors qu’il était musulman, étaient valides. Mais, par son apostasie, il aura perdu toutes les récompenses de ces actes-là. En d’autres termes, celui qui a apostasié et qui est mort apostat, il est mort sur la mécréance, il aura perdu ses bonnes actions et il ne lui sera inscrit aucune bonne action après son apostasie. C’est ce qu’indique le verset 5 de sourate al-maa’idah qui signifie : celui qui a mécru après avoir été croyant, ses œuvres vont s’effondrer (il perdra toutes les récompenses) et dans l’au-delà, il sera au nombre des perdants.
Verset 218 : certes ceux qui ont été croyants et ceux qui ont émigré : ils ont laissé leur famille, ils ont laissé leur vie à La Mecque.
Et qui ont fourni des efforts dans la voie que Dieu agrée, ceux-là espèrent la miséricorde de Dieu. Il a été dit que celui qui espère, il cherche et celui qui craint, il fuit. Celui qui espère la récompense, il cherche en accomplissant les obligations et celui qui craint le châtiment, il fuit les péchés.
Et Allaah est Celui Qui pardonne et Qui est miséricordieux.