Tafsir An-Nasafiyy sourate al-Baqarah verset 219
verset 219 : ils t’interrogent au sujet de l’alcool et des paris d’argent.
Toute boisson qui altère la raison en entrainant une euphorie, une joie, s’appelle du khamr (en arabe, c’est le mot qui désigne le vin ou l’alcool en général), qu’elle provienne du raisin et le résultat est le vin ou qu’elle provienne du miel et le résultat est de l’hydromel ou qu’elle provienne du maïs ou de l’orge et le résultat est de la bière, ou qu’elle provienne de la pomme et le résultat est du cidre, ou autre que cela. Et cette substance khamr est interdite à la consommation. Elle est produite au moment où des bulles apparaissent à la surface des choses citées, comme si le liquide se mettait à bouillir et le niveau s’élève. Puis le niveau du liquide s’abaisse à nouveau et c’est à ce moment-là que les buveurs d’alcool considèrent que c’est une boisson bonne à consommer. Mais avant cette étape de fermentation où on constate comme une ébullition, le liquide est licite à la consommation. Il s’appelle « nabiidh » en arabe et désigne ce liquide à ce moment-là et au-delà. Le terme « nabiidh » en arabe désigne la boisson qui est licite et également la boisson qui est interdite. Lorsque ce liquide n’est pas arrivé au point où il enivre celui qui le boit, alors c’est un nabiidh qui est licite à la consommation. Pour ce qui est du jus de raisin, il a cette particularité qu’il se transforme en khamr (boisson alcoolisée qui est du vin ici) après cette fermentation, sans qu’on ne lui rajoute de l’eau. Pour ce qui est du miel, de l’orge, du maïs, du raisin et des dattes, ils ne deviennent du khamr que lorsqu’on leur rajoute de l’eau et qu’ils restent pendant un certain temps, le niveau du liquide s’élève, suite à l’ébullition qui a lieu : On entend alors un pétillement « nachiich » en arabe et c’est à ce moment-là que cette boisson devient interdite à la consommation.
D’après An-Naçaa’iyy qui rapporte du fils de ^Oumar, ^Abdoul-Laah ibnou ^Oumar, qui a dit : « toute boisson qui pétille est interdite ». Le pétillement est le début de la transformation en khamr puis le niveau redescend et les buveurs d’alcool apprécient cette boisson. Et cette boisson reste dans cet état de longues journées. Au bout de quarante jours, dans certains pays, il devient acide et celui qui en boit ne devient pas ivre : c’est devenu du vinaigre. Et le vinaigre n’enivre pas. Le goût du vinaigre est acide alors que le goût des boissons alcoolisées est amer. Et pourtant les buveurs d’alcool les apprécient.
Par ailleurs, si le miel est mélangé avec de l’eau puis mis dans un récipient fermé, alors dans les pays chauds, au bout de cinq jours, il devient une boisson alcoolisée appelée hydromel. Mais dans les pays froids, cela prend plus de temps. Si le miel est pur et qu’il est mis dans un bocal fermé, il peut rester des années et il reste intact.
Il y a des gens qui deviennent ivres, qu’ils boivent un peu d’alcool ou beaucoup. Il y a des gens qui deviennent ivres uniquement s’ils boivent une grande quantité de boissons alcoolisées. Mais dans les deux cas, c’est interdit, tout comme cela a été indiqué dans un Hadiith rapporté par AHmad d’après Jaabir que Dieu l’agrée, il a dit : le Messager de Dieu Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam a dit ce qui signifie : « ce qui enivre quand il est bu en grande quantité, il est interdit d’en boire en petite quantité ». Et lorsque le Prophète a été interrogé à propos de al-bit^ah (l’hydromel), il a dit ce qui signifie : « toute boisson qui enivre alors elle est interdite ». Rapporté par Al-Boukhaariyy et Mouslim, que Dieu les agrée.
Et il a été rapporté à propos de la menace envers celui qui boit de l’alcool, un Hadiith SaHiiH (authentique) du messager d’Allaah Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam, à savoir « al-moudminou ^ala l-khamri kal^aabidi wathan » ce qui signifie : « celui qui boit régulièrement de l’alcool, il est comme un idolâtre », rapporté par al-Bazzaar d’un Hadiith de al-Moujaahid d’après ^Abdou l-Laah fils de ^Oumar et abouu Nou^aym. Et ibnou Hibbaan l’a rapporté avec d’autres termes, il a dit que le Prophète a dit ce qui signifie : « le buveur régulier d’alcool est comme un adorateur d’idole ». Ce Hadiith veut dire que celui qui boit de l’alcool régulièrement, son péché est grave, il est tellement grave qu’il ressemble à celui qui adore les idoles. Et il se peut qu’il soit éprouvé par une mauvaise fin, au moment de mourir, que Dieu nous préserve. Certaines personnes sont attaquées par le chayTaane, juste avant de mourir et il leur donne de mauvaises idées. Et cette personne devient mécréante alors que ceux qui sont autour ne se rendent pas compte. Et le Messager Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam nous a enseigné de dire dans nos invocations : « Allaahoumma innii a^ouudhou bika min an yatakhabbaTaniya ch-chayTaanou ^inda l-mawt » ce qui signifie : « ô Allaah je Te demande de me préserver de l’attaque du chayTaane au moment de la mort ».
Certains, au moment de mourir, ils ne peuvent plus parler, leurs langues s’immobilisent, et ils sont extrêmement assoiffés. Le chayTaane vient à cette personne avec un verre d’eau et il lui dit : « deviens mécréant, je te donne à boire ». Celui à qui Allaah raffermit le cœur, il patiente et il ne prête pas attention à cela.
Par ailleurs, boire de l’alcool fait partie des plus grands des grands péchés mais ça reste moins grave que la fornication. Le plus grave des péchés est la mécréance, c’est le péché que Dieu ne pardonne pas. Puis vient le fait de tuer un musulman injustement. Puis c’est commettre la fornication. Puis le fait de délaisser la prière puis le fait de consommer le gain usuraire puis boire de l’alcool.
Concernant le fait de considérer l’alcool impur ou pas, c’est l’avis de la plupart des imams, entre autres les quatre imams, Maalik, Ach-Chaafi^iyy, AHmad et abouu Haniifah. Mais si l’alcool touche un vêtement ou un corps, c’est un devoir de le nettoyer pour que la prière soit valable. Il y a un imam moujtahid dans la science qui est appelé Rabii^atou r-Ra’y fils de ^Abdour- RaHmaan, (il était le chaykh de l’imam Maalik), il a dit que l’alcool n’était pas impur. Mais cela ne veut pas dire que c’est permis de le consommer. Mais cela veut dire qu’il n’a pas le jugement du sang par exemple. Ils ont tous été unanimes à dire qu’il est interdit de le boire, de le vendre, de l’acheter. La divergence est : est-ce que c’est une impureté ou pas ? Il n’a pas été cité dans le Qour’aan ni dans le Hadiith de texte qui indique que l’alcool était impur selon la Loi de l’Islam. Mais il y a eu un texte explicite qui indique l’interdiction de le boire, de le vendre, de l’acheter. Celui qui dit que ce n’est pas interdit de boire de l’alcool ou que ce n’est pas interdit d’en vendre ou d’en acheter pour celui qui veut en boire, alors il devient mécréant, parce qu’il aura nié l’interdiction de consommer quelque chose qui est interdit selon l’unanimité.
Quant à ce qu’ont rapporté Mouslim et Abouu Daawouud et d’autres qu’eux, du Hadiith de Waa’il al-HaDramiyy que TaariiQ fils de Souhayl a interrogé le Prophète ^alayhi S-Salaat wa s-salaam à propos de la fabrication des boissons alcoolisées en tant que médicament. Le Prophète a répondu que ce n’est pas un médicament mais c’est une maladie. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de guérison d’une quelconque maladie grâce aux boissons fermentées, mais cela veut dire que ce n’est pas un bon remède, ce n’est pas un bon moyen pour se soigner. Parce qu’il y a beaucoup de nuisances dans l’alcool. Tellement l’alcool est nuisible, c’est comme s’il n’y a pas de guérison grâce à l’alcool. Ce qu’a visé le Prophète ^alayhi S-Salaat wa s-salaam, ce n’est pas que l’alcool ne constitue en aucune manière un remède parce que le fait qu’il y a une guérison par l’alcool de certaines maladies, c’est quelque chose d’observable. L’explication de ce Hadiith selon le sens apparent est une grande erreur. Les anciens médecins et les médecins actuels sont tous d’accord pour dire que l’alcool peut être utile pour soigner certaines maladies. C’est une forme de sens figuré en arabe qui s’appelle un sens figuré par omission ; il y a un mot qui est omis. Le mot omis est le qualificatif du remède. Dans la phrase « ce n’est pas un remède », le mot omis est « bon » avant remède : ce n’est pas un bon remède. Ce qui prouve que l’alcool peut être un bon remède est justement la parole de Dieu dans le verset 219 qui signifie :
Dis : il y a en eux (le khamr et le maysir) beaucoup de mal et aussi un profit pour les gens. Mais le bénéfice -risque est plutôt en faveur du risque, plus nuisible que profitable. Et ceux qui ont nié qu’il y ait un profit dans l’alcool, ils ont dit qu’avant, il y avait un bénéfice dans l’alcool mais que maintenant, il a été enlevé.
Par ailleurs, l’interdiction des boissons alcoolisées n’a été révélée qu’après l’émigration du Prophète ^alayhi S-Salaat wa s-salaam. Avant l’émigration, les gens buvaient de l’alcool pour se réchauffer. Certains en buvaient et cela leur donnait une vigueur mais ils n’arrivaient pas au point d’être saouls. Puis quand l’interdiction a été révélée, ils ont été privés des bénéfices qu’il y avait dans l’alcool.
Pour ce qui est de se soigner par l’alcool, la majorité des savants ont penché pour l’avis qui dit que c’est interdit. Et c’est l’avis apparent de ce qui est rapporté dans l’école hanafite et c’est ce qui est retenu chez eux. C’est ce qu’ont dit les malikites également et c’est l’avis qui est correct chez les chaféites et les hanbalites. Mais certains savants ont dit qu’il était permis de se soigner par l’alcool sous trois conditions : 1/ qu’il n’y ait pas d’autre remède possible que l’alcool 2/ que ce soit en quantité minime, de sorte que cela n’enivre pas 3/ que ce soit prescrit par un médecin musulman digne de confiance.
Quant au Hadiith du Prophète qui signifie : « celui qui boit de l’alcool, il n’en boit pas tant qu’il est croyant », cela ne veut pas dire que du simple fait qu’il a bu de l’alcool, il est sorti de l’Islam. Cela veut dire que sa foi n’est pas complète.
Al-BayhaQiyy a rapporté qu’il a été dit à un arabe ancien : pourquoi ne bois-tu pas de l’alcool ? Il a répondu : « je ne suis pas satisfait de ma raison alors qu’elle est complète. Comment veux-tu que j’introduise dans mon corps quelque chose qui va me l’altérer ? »
Al-Hasan a dit : je vois que les gens font attention à leurs femmes (ils n‘acceptent pas qu’un homme la regarde avec désir) excepté les buveurs d’alcool. De plus, quand tu vas les voir, ils te font bon accueil et quand tu es absent, ils parlent de toi en mal.
C’est pour cela : enseignez à vos enfants chaque jour au moins une question de religion parmi les sujets importants et répétez-les. Ne donnez pas un grand nombre d’informations d’un seul coup, pour que l’information reste gravée dans leurs cœurs. Enseignez à vos enfants que Dieu a dit à propos de l’alcool et des paris d’argent que c’est quelque chose de mauvais et que ce sont des suggestions du chayTaane, ce sont des choses que le chayTaane incite les gens et les encourage à faire parce que ce sont des choses qui provoquent des zizanies, des discordes, des nuisances entre les gens, l’animosité et la haine parmi les musulmans. Enseignez-leur que le pari d’argent est Haraam. Si vous n’enseignez pas à vos enfants, qui va leur enseigner ? Dites-leur que le fait de jouer aux jeux de cartes, au Monopoly, aux dominos, à Uno, tout ce qui utilise des dés et des cartes, cela est Haraam. Cela fait partie des petits péchés. Et si l’argent intervient, cela devient un grand péché. Que la personne sache que cet argent ne rentre pas dans sa propriété, il ne lui est pas licite. Même chose en ce qui concerne le loto ou les tombolas ou chacun met de l’argent et si c’est le numéro d’un tel qui est tiré, il gagne ; sinon, il aura perdu son argent. Même chose concernant les courses de chevaux ou autres animaux, le fait de faire des paris est interdit. Même chose concernant les combats de coq ou de chiens ou autres : le fait de miser de l’argent sur celui-là est un péché. Même chose si deux hommes combattent l’un contre l’autre et que d’autres misent sur l’un ou l’autre. Même chose quand deux font une course et que d’autres misent de l’argent. Idem avec ceux qui parient sur des équipes. En arabe, cela s’appelle al-Qimaar. Beaucoup de gens ont perdu tous leurs biens à cause de cela, leurs maisons, leur vie, leurs familles, que Dieu nous préserve de cela.
Ils t’interrogent : qu’est-ce qu’ils dépensent. Dis : ce qui est en plus. C’est-à-dire : donnez en aumône ce qui est en plus de votre besoin. Au début de l’Islam, il était une obligation de donner en aumône ce qui était en plus de tes besoins. Si l’homme était un propriétaire terrien, il possédait des champs de blé par exemple, il gardait pour lui et sa famille de quoi vivre une année et il donnait en aumône tout ce qui était en plus. Et si c’était un artisan, il gardait la subsistance d’une journée, et ce qui était en plus, il le donnait en aumône. Cette obligation-là a été abrogée par le verset de Az-zakaat qui dit que celui qui possède un bien une année, il va payer le quart du dixième (2.5%).
C’est ainsi qu’Allaah vous indique les signes, puissiez-vous méditer. Puissiez-vous réfléchir.