Tafsir an-Nasafiyy : Sourate al-Baqarah, versets 220-222
C’est ainsi qu’Allaah vous indique les signes, puissiez-vous méditer. Puissiez-vous réfléchir.
verset 220 : à propos du bas-monde et à propos de l’au-delà. C’est-à-dire au sujet de cette vie d’ici-bas et au sujet de l’au-delà. C’est-à-dire afin que vous puissiez réfléchir à ce qui se rapporte aux deux résidences, afin que vous œuvriez en fonction de ce qui est le mieux pour vous. Autre explication : afin que vous choisissiez celle des deux qui dure plus longuement, celle des deux qui est le plus bénéfique pour vous. Sans aucun doute, c’est celle de l’au-delà qui est éternelle.
Il a été révélé un verset qui est une grande menace de châtiment pour ceux qui prennent les biens des orphelins injustement. Alors les gens se sont mis en retrait des orphelins, ils avaient peur de tomber dans la consommation du bien de l’orphelin injustement. Ils n’ont plus voulu côtoyer les orphelins, ils n’ont plus voulu gérer leurs biens. Et cela a été rapporté au Messager d’Allaah Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam. C’est ainsi qu’a été révélé la suite de ce verset qui signifie : « ils t’interrogent à propos des orphelins. Dis : les côtoyer pour bien s’en occuper, bien gérer leurs biens, cela vaut mieux que de les tenir à l’écart. Et si vous les côtoyez (c’est-à-dire si vous vivez avec eux) alors en définitive, ce sont vos frères(de religion) et parmi les droits qu’un frère a sur son frère, c’est qu’il le côtoie, et qu’il ne le laisse pas à l’écart.
Et Allaah sait qui sont les corrupteurs, c’est-à-dire ceux qui vont corrompre les biens des orphelins. Dieu sait qui gère mal et s’accapare des biens de l’orphelin, et qui gère au mieux les biens de l’orphelin pour ce qui est de son intérêt ; et Dieu rétribue tout un chacun en fonction de ce qu’il fait. Soyez en garde contre ceux qui gèrent mal les biens des orphelins.
Et si Dieu voulait que vous soyez épuisés, Il vous aurait épuisés. C’est-à-dire qu’Il vous aurait amenés à être éprouvés et Il ne vous aurait pas permis de gérer leurs biens.
Certes Allaah est sur toute chose tout puissant.
Allaah ne charge l’esclave que ce dont il est capable. Par sa miséricorde, Dieu charge les esclaves de ce dont ils sont capables.
Et lorsqu’un compagnon qui s’appelle Mirsad a demandé au Prophète Salla l-Laahou ^alayhi wa sallam s’il pouvait épouser une femme qui s’appelait ^AnaaQ qui était une associatrice, les versets suivants ont été révélés.
Verset 221 : et n’épousez pas les femmes associatrices jusqu’à ce qu’elles deviennent croyantes. Dans ce verset celles qui sont visées sont les femmes idolâtres. Ce ne sont pas les femmes des yahouud ni celles des naSaaraa. Les associatrices que Dieu a interdit aux musulmans d’épouser, dans sourate al-baQarah, sont celles qui sont des idolâtres, comme celles qui adorent les vaches ou le soleil par exemple. Alors que les femmes yahouud et naSaaraa, même si elles attribuent des associés à Dieu, elles sont appelées des gens du Livre. Dans sourate al-maa’idah / verset 5, Dieu a autorisé aux musulmans d’épouser les femmes qui font partie des gens du Livre des yahouud et des naSaaraa. Avant qu’ils ne deviennent mécréants, ces gens du Livre étaient sur la religion de Jésus qui était un prophète musulman. Ils considéraient que Jésus était un prophète tout comme nous, nous considérons que MouHammad est un esclave et un messager de Dieu. Eux, également, ils avaient pour croyance que Jésus était un esclave de Dieu, qu’il avait été créé par Dieu, qu’il appartenait à Dieu tout comme nous croyons que MouHammad est un esclave de Dieu et un messager de Dieu. Ils avaient pour croyance que Jésus était un envoyé de Dieu. Dieu l’a envoyé pour appeler les gens à adorer Dieu, comme c’est le cas pour MouHammad. Ceux-là qui suivaient Jésus, ils étaient musulmans. Les yahouud et les naSaaraa, avant qu’ils n’aient falsifié, qu’ils n’aient altéré la loi de Moise et celle de Jésus, ils étaient sur l’islam. Les yahouud disaient « il n’est de dieu que Dieu et Mouuçaa est le messager de Dieu » et les naSaaraa disaient « il n’est de dieu que Dieu et Jésus est le messager de Dieu ». L’évangile authentique est un livre qui a été révélé à Jésus tout comme le Qour’aan. Sauf que l’évangile était en araméen et la langue du Qour’aan est l’arabe. Ce sont deux livres révélés par Dieu aux prophètes. Et la torah est comme le Qour’aan, sauf que la torah d’origine était en hébreu. Il y a des choses qui sont mentionnées dans la torah et qui ne sont pas mentionnées dans le Qour’aan, ni dans l’évangile. Il y a des choses qui sont citées dans l’évangile et qui ne sont citées ni dans la torah ni dans le Qour’aan. Et il y a des choses dans le Qour’aan qui ne sont citées ni dans l’évangile ni dans la torah. Mais l’un a été révélé par Dieu, le deuxième a été révélé par Dieu, et le troisième a été révélé par Dieu. Tous les trois ont été descendus par révélation de la part de Dieu.
A l’époque où ils étaient attachés à la torah authentique d’origine, à l’époque où ils étaient attachés à l’évangile authentique d’origine, ils étaient musulmans. Et ils avaient pour croyance que MouHammad allait arriver, qu’il allait être envoyé et qu’il serait le dernier des prophètes. Et ils avaient pour croyance que, lorsque MouHammad allait arriver, ils devraient le suivre. Voilà ce qui était mentionné dans l’évangile authentique et dans la torah authentique.
Et une femme esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice, même si elle vous a plu. Cela signifie que la femme croyante est meilleure que la femme mécréante, même si elle dépasse cette croyante par l’argent ou par la beauté. Et l’esclave croyante est meilleure que l’esclave mécréante. Ne penchez pas vers cette mécréante au détriment de la croyante.
Lorsque l’imam Malik que Dieu l’agrée, a été interrogé à propos du fait d’épouser une femme des mou^tazilah (qui prétendent que l’esclave est le créateur de ses actes, alors que Dieu est le seul créateur de toute chose), il a dit : « une femme esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice, même si elle vous a plu et un homme esclave croyant vaut mieux qu’un associateur, même s’il vous a plu ». Les mou^tazilah sont des associateurs.
Et ne donnez pas vos filles musulmanes à des associateurs. Az-Zajjaaj a expliqué cela en disant : ne donnez pas en mariage une musulmane à un non musulman.
Jusqu’à ce qu’ils deviennent croyants. Et un esclave croyant est meilleur qu’un associateur, même si l’associateur vous a plu. C’est-à-dire que le croyant a un mérite tandis que le non croyant n’a pas de mérite selon le jugement de Dieu. En effet le non croyant est ingrat : Dieu lui a donné l’existence, Il lui a donné tous les bienfaits qu’il a et, soit il renie l’existence de Dieu, soit il L’insulte en Lui attribuant des choses dont Il est exempt comme le corps ou le fils ou l’endroit. Dans la langue arabe, on dit que le miel est plus sucré que le vinaigre, alors que le vinaigre n’est pas sucré du tout. Car quand il a dit qu’un esclave croyant est meilleur qu’un associateur, en réalité, il n’y a pas de bien dans un associateur. Cela ne veut pas dire que celui-là a un bien et cet autre a un bien et que le bien du musulman dépasse le bien du mécréant. Le musulman a un bien et le mécréant n’a aucun bien en lui.
Elles ne sont pas licites pour eux : les femmes musulmanes ne sont pas licites pour les associateurs et les associateurs ne sont pas licites pour elles. Ce verset est catégorique sur le fait que le mariage d’une musulmane avec un mécréant n’est pas autorisé.
Ceux-là : « Ceux-là » fait référence aux associateurs et aux associatrices.
Appellent à l’enfer. C’est-à-dire qu’ils appellent à la mécréance qui est l’œuvre des gens de l’enfer. Cela veut dire qu’ils ne méritent pas qu’on fasse des alliances de mariage avec eux.
Et Dieu vous incite au paradis et au pardon. Les croyants appellent au paradis et au pardon et à ce qui fait gagner le paradis et ce qui fait gagner le pardon de Dieu. Ce sont eux qu’il faut prendre pour alliés pour les mariages.
Par la facilitation de la part de Dieu. Par la volonté de Dieu et par la réussite que Dieu accorde.
Allaah indique les signes pour les gens. Dans l’explication de al-baHrou l-MouHiit : c’est-à-dire que Dieu manifeste et dévoile les signes de sorte que les gens n’aient plus de confusion. C’est-à-dire que cette explication est claire, elle n’est pas spécifique à certaines personnes et pas à d’autres. Allaah manifeste Ses versets pour tout un chacun. La finalité est que, par la manifestation de ces signes, il y ait un rappel et une exhortation. Parce que, dès lors que le signe est visible, il y a un rappel par cela. Dès lors qu’il y a un rappel, il y a une facilité pour l’obéissance et de suivre ce qu’a indiqué ce rappel. L’obéissance est le fait d’exécuter l’ordre et de s’abstenir de l’interdit.
Puissent-ils être exhortés !
Les Arabes ne mangeaient pas avec la femme qui a les menstrues, ni ne buvaient avec elle ni ne vivaient avec elle sous le même toit. Exactement comme les yahouud et les mazdéens. Alors un compagnon qui s’appelle Abou d-Dardaa’ a demandé au Messager comment faire avec les femmes quand elles avaient leurs menstrues. C’est alors que fut révélé le verset 222.
Verset 222 : ils t’interrogent à propos des menstrues. Les menstrues est le sang qui sort de l’utérus de la femme alors qu’elle est en bonne santé et sans que ce soit suite à un accouchement. Le minimum des menstrues est de 24 heures, le maximum est de quinze jours et la moyenne est de six à sept jours dans l’école de l’imam Ach-Chaafi^iyy. Il est possible qu’une fille ait les menstrues à partir de l’âge de neuf ans lunaires. Et la durée maximale chez les hanafites est de dix jours.
Dis : c’est quelque chose qui est répugnant et qui nuit à celui qui s’en approche. Alors n’approchez pas les femmes quand elles ont les menstrues : c’est-à-dire n’ayez pas de rapports sexuels avec elles. Il a été dit que les chrétiens avaient des rapports avec la femme qui a les menstrues alors que les juifs évitaient les femmes qui ont les menstrues en toute chose. Dieu a donné l’ordre de la position qui est intermédiaire entre les deux. Selon Abou Hanifah et Abou Youçouf, que Dieu leur fasse miséricorde, l’homme doit éviter d’avoir un contact peau contre peau lorsque la femme a les menstrues pour la zone qui est sous le pagne. Mais MouHammad ibnou l-Haçan, le troisième de l’école hanafite a dit que seul le rapport sexuel est interdit. C’est une divergence au sein de l’école hanafite. ^Aa’ichah que Dieu l’agrée a dit que l’homme doit éviter l’emplacement d’où sort le sang uniquement.
Et ne vous approchez pas : c’est-à-dire n’ayez pas de rapport sexuel avec elles tant qu’elles ont les menstrues
Jusqu’à ce qu’elles fassent le ghousl : jusqu’à ce que l’écoulement du sang soit terminé puis qu’elles aient fait le ghousl. Certains hanafites ont dit : jusqu’à ce qu’elle n’ait plus d’écoulement de menstrues même si elle n’a pas encore fait son ghousl. Certains savants ont dit que le rapport était permis à partir du moment où l’écoulement de sang s’est arrêté, sans différence si elle a dépassé le minimum des menstrues ou pas. Et il y a d’autres savants qui ont dit qu’il était interdit d’avoir un rapport avant qu’elle ne fasse le ghousl. Et c’est l’avis de Ach-Chaafi^iyy. Et Abou Hanifah a autorisé le rapport même si elle n’a pas encore fait le ghousl si le sang s’est arrêté après avoir atteint la durée maximale et il a interdit d’avoir un rapport si le sang s’est arrêté avant qu’il n’atteigne la durée maximale, tout en considérant qu’elle devait faire le ghousl et en jugeant qu’elle est pure. Ach-Chaafi^iyy que Dieu lui fasse miséricorde a dit que l’homme ne peut avoir un rapport avec sa femme qu’après qu’elle se soit purifiée. Et sa preuve est le verset qui signifie : « si elle se purifie, alors vous pouvez avoir un rapport avec elle ».
De là où Dieu vous l’a autorisé. C’est-à-dire uniquement par le vagin, et ne pratiquez pas la sodomie.
Certes Allaah agrée le repentir. C’est-à-dire ceux qui font le repentir suite aux péchés qu’ils ont commis ou qui font le repentir à Dieu.
Il agrée ceux qui se purifient avec de l’eau ; ou autre explication : ceux qui ne font pas la sodomie. Ou autre explication : ceux qui ne font pas de rapports alors que la femme a les menstrues ou encore ceux qui se purifient de toutes les choses viles et vilaines.