Mawlid : Chapitre de l’histoire de son allaitement et des événements qui l’ont suivi tels que l’ouverture de sa poitrine
Son père ^Abdou l-Lah est mort r alors qu’il avait deux mois. Certains ont dit qu’il était encore dans le ventre de sa mère et d’autres ont dit autre chose que cela. Sa mère ‘Aminah Bintou Wahb l’a ensuite allaité, puis Halimah l’a allaité. De l’histoire de son allaitement chez Halimah, il est rapporté ce qui suit. Halimah a dit :
« Je suis sortie avec des femmes de Banou Sa^d Ibni Bakr pour aller chercher des nourrissons à allaiter à La Mecque sur le dos de mon ânesse de couleur blanche dans une année de sécheresse qui ne nous a rien laissé. Mon mari était avec moi. Nous avions une vieille chamelle et je jure par Allah qu’on ne tirait plus une goutte de lait d’elle. Il y avait aussi mon bébé et nous ne dormions pas la nuit à cause de ses pleurs, je n’avais pas assez de lait dans mes seins pour le rassasier. Lorsque nous arrivâmes à La Mecque, il n’y avait pas une femme à qui le Messager de Allah r fut présenté qui ne l’eut refusé, car nous espérions la générosité du père voulant faire allaiter son enfant et le Prophète r était orphelin. Nous disions : « Un orphelin, que va donc donner sa mère pour lui ? » jusqu’à ce qu’il ne resta plus aucune femme de mes compagnes à n’avoir pas pris de bébé à allaiter sauf moi. Je n’ai donc pas aimé revenir sans rien, alors que mes compagnes en avaient toutes eu un, je dis alors à mon mari : « Je jure par Allah que je vais retourner vers cet orphelin pour le prendre ». Elle a dit : « Je suis allée à lui, je le pris et retournai vers ma caravane, mon mari dit : « Tu l’a pris ! », je dis : « Oui, par Allah, parce que je n’en ai pas trouvé d’autre », il répliqua : « Tu as bien fait et il se peut que Allah ait mis du bien en lui. Je dis donc : par Allah, à peine l’avais-je mis dans mes bras que j’eus une montée de lait très conséquente. Il but jusqu’à satiété, et son frère C elle veut dire son fils à elle – but aussi à satiété. Mon mari se leva la nuit pour traire la chamelle, et il a trouvé sa mamelle pleine de lait. Nous l’avons trait et avons obtenu ce que nous avons voulu de lait, nous bûmes jusqu’à satiété et nous dormîmes cette nuit-là rassasiés et nos deux enfants dormirent bien ». Son père – elle veut dire son mari – me dit : « Par Allah, ô Halimah, je ne peux que constater en toi que tu as reçu une âme bénie ; nos enfants se sont endormis ».
Elle dit : « Puis nous sortîmes de La Mecque ». Elle dit : « Par Allah, mon ânesse devança tout le convoi, au point qu’ils dirent : « Attention ! va doucement ! N’est-ce pas là l’ânesse avec laquelle tu es sortie ? » et je disais : « Mais oui, par Allah ! » Elle ne cessa pas d’être en tête jusqu’à ce qu’on fut arrivé à nos maisons de la cité des Banou Sa^d Ibni Bakr ; nous arrivâmes à la terre aride. Je jure par Celui Qui détient la vie de Halimah par Sa puissance, les gens faisaient paître leurs moutons le matin et un berger faisait paître mes moutons ; mes brebis revinrent grasses et leurs mamelles pleines de lait, alors que les leurs revenaient faméliques et sans lait ».
Elle dit : « Nous buvions donc le lait que nous voulions et dans la cité, nul ne tirait ni ne trouvait une goutte de lait. Ils disaient alors à leurs bergers : Malheur à vous, pourquoi ne faites-vous pas paître là où fait paître le berger de Halimah? Il font alors paître dans les recoins où nous faisons paître mais leurs brebis revenaient faméliques et sans lait alors que les miennes revenaient avec des mamelles grasses. Et il grandissait r en un jour comme les enfants grandissent en un mois et en un mois comme ils grandissent en un an ; il atteignit une année et il était déjà un jeune garçon fort ». Elle dit : « Nous sommes retournés avec lui voir sa mère, je lui ai alors dit ou son père à lui lui a dit : Rends-nous mon fils pour que nous retournions avec lui ; nous craignons pour lui les épidémies de La Mecque ». Elle dit : « Nous tenions à le garder en raison de ce que nous avions vu de sa bénédiction ». Elle dit : « Nous insistions jusqu’à ce qu’elle ait dit : Retournez avec lui. Nous sommes retournés avec lui et il est alors resté chez nous deux mois ». Elle dit : « Un jour alors que lui et son frère étaient par derrière les maisons, faisant paître le troupeau pour nous, son frère vint à la hâte et nous dit, à son père et moi : « Allez voir mon frère le Qourachiyy, deux hommes sont venus à lui, l’ont allongé et lui ont ouvert la poitrine ». Nous sortîmes avec hâte et le rejoignîmes, il était debout, le teint pâle. Son père le prit dans ses bras, je fis de même et nous dîmes : Ah fils, que t’est-il arrivé ? Il dit : « Deux hommes sont venus à moi, ils étaient vêtus de blanc, ils m’ont allongé et ouvert la poitrine ; je jure par Allah que je ne sais pas ce qu’ils ont fait ». Elle dit : « Nous le prîmes et retournâmes avec lui. Son père a dit : ô Halimah, je ne vois rien d’autre, ce garçon a été atteint d’un mal. Allons-nous en, qu’on le rende à sa famille avant que n’apparaisse ce dont nous avons peur ». Elle dit : « Nous sommes retournés avec lui. Sa mère dit : Qu’est-ce qui vous a poussés à me le rendre alors que vous teniez auparavant à le reprendre ? » Elle dit : « Non par Allah, seulement nous avons pris soin de lui et nous avons rempli le devoir qui nous incombait s’agissant de lui puis nous avons eu peur pour lui qu’il ne lui arrive quelque chose et nous nous sommes dit qu’il valait mieux qu’il soit dans sa famille. Sa mère dit : Par Allah, je ne vois pas que c’est cela la vrai raison. Alors, dites-moi ce qui vous est arrivé à vous et à lui ». Elle dit : « Par Allah, elle ne cessa d’insister auprès de nous jusqu’à ce que nous l’informâmes de ce qui lui était arrivé. Elle dit : Vous avez eu peur à son sujet ? Non, par Allah, mon fils que voici aura une grande destinée, ne voulez-vous pas que je vous en informe ? Je l’ai porté dans mon ventre et ma grossesse fut extrêmement aisée et pleine de bénédictions, puis je vis une lumière et c’est comme si une étoile filante était sortie de moi et cette lumière a éclairé les cous des chameaux à Bousra ; lorsque j’ai accouché, et il n’est pas sorti de mon ventre comme sortent les bébés, mais il avait les mains posées à terre et la tête relevée vers le ciel. Laissez-le donc et partez ».
Ibnou Hibban [1] a dit après avoir cité cette histoire mot à mot : « Wahb Ibnou Jarir Ibnou Hazim a dit, d’après son père, d’après Mouhammad Ibnou ‘Is-haq : Jahm Ibnou Abi Jahm nous a rapporté la même chose. Ceci nous a été rapporté par ^Abdou l-Lah Ibnou Mouhammad d’après ‘Is-haq Ibnou Ibrahim d’après Wahb Ibnou Jarir« .
Le Hafidh Al-^Iraqiyy [2] a dit après avoir imputé cette histoire à Ibnou Hibban et après avoir cité ses paroles : « … et ainsi l’a rapporté Ziyad Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Bakka‘iyy, d’après Ibnou ‘Is-haq, qui a déclaré avoir entendu cela, il a toutefois douté si la chaîne de transmission est ininterrompue. De même, ceci nous a été rapporté, avec une chaîne de transmission composée d’un faible nombre de personnes : Mouhammad Ibnou ^Aliyy Ibni ^Abdi l-^Aziz Al-Qatrawaniyy nous a rapporté : Mouhammad Ibnou Rabi^ah nous a appris : ^Abdou l-Qawiyy Ibnou ^Abdi l-^Aziz Ibni l-Habbab nous a appris : ^Abdou l-Lah Ibnou Rifa^ah a dit : ^Aliyy Ibnou l-Haçan Al-Khoul^iyy nous a appris : ^Abdou r-Rahman Ibnou ^Oumar An-Nahhas nous a dit : ^Abdou l-Lah Ibnou Ja^far Ibni l-Ward nous a dit : ^Abdou r-Rahim Al-Yarqiyy nous a dit : ^Abdou l-Malik Ibnou Hicham nous a dit : Ziyad Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Bakka‘iyy nous a dit : Mouhammad Ibnou ‘Is-haq nous a dit, il a dit : Jahm Ibnou Abi Jahm l’affranchi de Al-Harith Ibnou Hatib Al-Joumahiyy m’a dit d’après ^Abdou l-Lah Ibnou Ja^far Ibni Abi Talib ou d’après qui lui a dit cela, il a dit : Halimah Bintou Abi Dhou’ayb As-Sa^diyyah était la mère du Messager de Allah r qui l’a allaité, elle disait qu’elle était sortie de sa région avec son époux et un fils à elle, qu’elle allaitait… Et il a cité ce qui est semblable avec une différence de termes, et il a ajouté : « Il n’a cessé de connaître augmentation et bien que Allah lui a accordé, jusqu’à ce que ses deux ans fussent passés, il grandissait d’une façon que les autres enfants ne connaissent pas, ainsi il n’avait pas atteint ses deux ans qu’il était déjà un jeune garçon grandissant bien… ».
Ainsi, il a dit « ses deux ans » [3] et c’est la vérité, et la parole de Ibnou Hibban dans la version qu’il a rapporté « une année » est une faute de l’un de ceux qui ont transmis cette parole ». Fin de citation de la parole du Hafidh Al-^Iraqiyy textuellement.
Mouslim et d’autres que lui [4] ont rapporté que ‘Anas Ibnou Malik, que Allah l’agrée, a dit : « Jibril est venu au Messager de Allah r alors qu’il jouait avec les garçons, il l’a pris et l’a mis à terre, il a ouvert sa poitrine et a extrait son cœur, duquel il a extrait un caillot de sang et a dit : c’est la part du diable de toi, puis il l’a lavé avec l’eau de Zamzam dans une cuvette en or, puis il l’a refermé et l’a remis à sa place. Les garçons se sont précipités vers sa mère – il veut dire sa nourrice – et ont dit : « Mouhammad a été tué », ils l’ont alors trouvé le teint pâle ».
‘Anas a dit : « Et je voyais la trace de cette cicatrice sur sa poitrine ».
Al-Bayhaqiyy a dit, après avoir imputé cette parole à Mouslim : « Et cela est en accord avec ce qui est connu chez les gens spécialistes de l’Histoire des Conquêtes ».
Mouslim [5] a rapporté également que ‘Anas a dit : le Messager de Allah r a dit :
))أُتِيتُ وَأَنَا في أَهْلِي، فَانْطُلِقَ بِي إِلَى زَمْزَم، فَشُرِحَ صدري ثُمَّ غُسِلَ بِمَاءِ زَمْزَم، ثمَّ أُتِيت بِطَسْتٍ مِنْ ذَهَب ممْتَلِئَة إِيمَانًا وَحِكْمَة فحُشِي بِهَا صَدْرِي – قَالَ أَنَس: وَرَسول اللهِ r يرِينَا أَثَره – فعَرِجَ بِي المَلَك إِلَى السَّمَاءِ الدنْيَا، فاسْتَفْتَحَ المَلَك … ((
ce qui signifie : « On est venu à moi alors que j’étais parmi ma famille et on me prit jusqu’à Zamzam. Ma poitrine fut ouverte et a été lavée avec de l’eau de Zamzam. Puis il me fut apporté un récipient d’or rempli de sagesse et de foi et ma poitrine en fut remplie« . ‘Anas a dit : « Le Messager de Allah r nous en montra les traces ». L’ange m’a alors fait monter au ciel de ce bas monde ; il a demandé que l’on nous ouvre …« . Il a cité le hadith de l’ascension (Al-Mi^raj).
Al-Bayhaqiyy [6] a dit suite à ce hadith ce qui signifie : « Il se peut que cela ait eu lieu à deux reprises : une fois quand il était chez sa nourrice Halimah et une fois quand il était à La Mecque après l’avènement de sa mission, la nuit de l’ascension« . Fin de citation
Cette parole est consolidée par ce que Ibnou Hibban [7] a cité, il a dit : « La poitrine du Prophète r a été ouverte alors qu’il était un jeune garçon jouant avec les autres garçons, il en fut extrait le caillot de sang, et lors du voyage nocturne que Allah jalla wa ^ala a destiné à Son Prophète, Il a ordonné à Jibril d’ouvrir sa poitrine une deuxième fois, il a donc fait sortir son cœur et l’a lavé, puis l’a remis à sa place. Cela s’est produit deux fois en deux occasions différents, et ces deux événements ne sont pas contradictoires« . Fin de citation
[1] voir Al-‘Ihsan bi Tartibi Sahihi Ibni Hibban, 1/82-84.
[2] Al-Mawridou l-Haniyy, q/13-15.
[3] De même, dans la version rapportée par Al-Bayhaqiyy « les deux ans ».
[4] Mouslim lui a trouvé une chaîne de transmission dans son Sahih: livre de la croyance : chapitre l’ascension, ainsi que ‘Ahmad avec une version semblable dans son Mousnad 3/121-149-288, Al-Bayhaqiyy dans Ad-Dala‘il 1/147 et Ibnou Hibban dans Sahih voir Al-‘Ihsan 8/82.
[5] Mouslim lui a trouvé une chaîne de transmission dans son Sahih : livre de la croyance : chapitre du voyage nocturne.
[6] Dala‘ilou n-Noubouwwah, 1/148-149.
[7] Voir Al-‘Ihsan bi Tartibi Sahih Ibni Hibban, 8/82.